Hec : la cgt « première de cordée » !

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La Cgt reste de loin le premier syndicat après les élections au Cse de la prestigieuse école de commerce, toutes catégories confondues. Analyse.

« Les élections du 26 novembre pour la mise en place du Cse ont conforté notre place de premier syndicat de l’entreprise, et confirmé la confiance que nous accordent les salariés, toutes catégories confondues », se félicite Isabelle Gonzales Diaz, déléguée syndicale Cgt à Hec (Hautes Études commerciales) la plus prestigieuse école de commerce française. La Cgt obtient 40,5 % des suffrages, suivie 22 points derrière par l’Unsa et la Cfdt à 18,63 % – une représentativité légèrement supérieure à celle obtenue il y a trois ans. Et malgré la présence, cette année, d’une nouvelle liste : celle de la Cgc qui, avec 9,94 % seulement chez les cadres, ne vient pas entamer le résultat de la Cgt dans cette catégorie : 39,75 % ! Avec 46,05 % chez les employés et techniciens et 30, 95 % chez les enseignants, la Cgt conserve la majorité des sièges au Cse et reste l’interlocuteur incontournable de la direction, dans un milieu pourtant peu syndiqué et particulièrement marqué par les préjugés courants à l’égard de la Cgt.

« Les salariés nous connaissent et plébiscitent notre travail au quotidien pour interpeller la direction et défendre leurs droits, explique Isabelle Gonzales Diaz, de même que notre souci d’agir en bonne entente avec les autres représentants syndicaux, dans l’intérêt commun. Dans le collège enseignant, nous avons par exemple fait en sorte de rassembler tous nos candidats sur la liste Unsa au deuxième tour, afin que le maximum de sièges au Cse puisse être occupés. »

L’efficacité et la vitalité d’un noyau dur de syndiqué·es motivé·es – 65 % des salariés sont des femmes – est la clé de cette réussite. « Notre force vient aussi du soutien des structures Cgt, déterminant ces dernières années avec le changement de statut de l’école, qui a engendré beaucoup d’inquiétude chez nos collègues », souligne la trentenaire. Elle reconnaît s’être investie dans le syndicalisme sans préjugés, parce que la Cgt répondait à sa vision du monde de l’entreprise et à ses attentes, appréciant tout particulièrement les formations syndicales enrichissantes et le soutien juridique du Syndicat national du personnel de l’enseignement et de la formation privée (Snpefp-Cgt), du syndicat Cgt des Chambres de commerce et d’industrie dont Hec reste une filiale, et de la Ferc.

En 2016, Hec est devenu un établissement d’enseignement supérieur consulaire (Eesc) pour capter davantage de financements des entreprises, ce qui a occasionné des réorganisations dans les services, des transferts de tâches sans consultation des personnels – pas toujours bien vécus – et, plus globalement, un accroissement de la charge de travail pour tous, faute d’embaucher suffisamment pour assumer la diversification et l’accroissement des formations proposées par l’école.

Une certaine pugnacité dans les échanges

Isabelle reconnaît qu’elle fait preuve d’une certaine pugnacité dans ses échanges avec la direction, ce qui lui vaut le respect de ses collègues, et, d’une certaine façon, de sa hiérarchie… mais pas au point de lui assurer un déroulement de carrière à la hauteur de ses ambitions ! Compte tenu de ses compétences et de son engagement professionnel – elle s’occupe du dispositif Mba en formation continue et de certains échanges internationaux –, elle pourrait prétendre à devenir cadre. « Peut-être que certains syndiqués ont raison quand ils estiment que s’afficher Cgt peut s’avérer un handicap pour faire carrière », avoue-t-elle. En même temps, certains des salariés qui se présentaient sur les listes Cgt ne sont pas syndiqués !

Pragmatique, Isabelle et ses collègues du syndicat estiment pour l’heure que l’essentiel est d’occuper les 28 postes d’élus au Cse et de se battre par exemple pour de meilleurs salaires ou contre la précarité croissante de certains contrats, en particulier chez les enseignants vacataires : « Ceux qui participent à l’activité du syndicat découvrent, au fil du temps, l’utilité de l’outil syndical pour mieux vivre au travail et défendre ses droits. Certains finiront par se syndiquer. »

Valérie Géraud

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