Chronique européenne -  Vu d’Europe – Fin de législature très chargée sur les droits des travailleurs

Par Nayla Glaise, présidente d’Eurocadres

Encadrement des stages et des stagiaires, Pilier des droits sociaux, conférence européenne des syndicalistes de l’encadrement à Helsinki… À l’approche des élections de juin, le rythme est effréné. Eurocadres a questionné les candidats, notamment sur la santé mentale des travailleurs.

Édition 050 de début mai 2024 [Sommaire]

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Mi-avril, les députés européens se sont envolés pour Strasbourg pour la dernière session plénière du mandat 2019-2024, avec des votes sur la directive relative aux plateformes de travail, la réforme de la gouvernance économique, la durabilité des entreprises et leur devoir de vigilance, la lutte contre les violences faites aux femmes, ainsi que la carte européenne d’invalidité. Le rythme est soutenu pour cette fin de mandat  !

Le 28 avril a eu lieu la Journée internationale de la santé et de la sécurité au travail. Alors que l’attention se porte désormais sur la campagne électorale, nous avons écrit aux principaux candidats des groupes Ppe, Renew, Socialists & Democrats, Verts et Gauche pour qu’ils fassent de la santé mentale des travailleurs une priorité. S’ils nous répondent, nous vous en ferons part ! Passons maintenant aux activités des 30 derniers jours.

Cadrer les stages, protéger les stagiaires

Après une tenace campagne syndicale, de nombreuses discussions et des années d’attente, la Commission a dévoilé sa «  directive sur les stages  », qui vise à garantir aux stagiaires les mêmes protections et droits que leurs collègues, tout en luttant contre les emplois réguliers déguisés en stages. Les responsable des stagiaires sur le lieu de travail devraient bénéficier d’une formation pour s’acquitter au mieux des tâches qui leur incombent.

Alors qu’une législation européenne reste désespérément nécessaire, cette proposition souligne la responsabilité des employeurs et des États membres. Mais sa mise en œuvre reposera essentiellement sur les épaules des inspecteurs du travail, déjà en sous-effectif.

Promesse de mise à jour dès 2025

Les partenaires sociaux européens, la Commission, le Parlement et le Comité économique et social, ainsi que les fonctionnaires belges au nom des États membres, ont également réaffirmé leur engagement à renforcer la cohésion sociale en signant ce mois-ci la déclaration de La Hulpe. Ce document de 9 pages, engageant des initiatives pour la législature 2024-2029, confirme le «  Pilier des droits sociaux  » comme cadre directeur des politiques sociales de l’Union européenne, avec une promesse de mise à jour dès 2025. Santé et sécurité à l’aune de la numérisation, développement de l’IA, négociation collective, protection sociale… autant d’éléments essentiels inclus dans le texte final.

Eurocadres en a salué l’adoption, alors qu’à la faveur des élections européennes, les forces d’extrême droite et antidémocratiques menacent les valeurs progressistes. Mais il s’agit à présent d’aborder la partie la plus délicate de tout accord  : sa mise en œuvre. Pour Eurocadres, les priorités seront l’approche globale de la santé mentale, le management algorithmique au travail, la garantie d’emplois durables et de qualité pour les travailleurs, et la protection des systèmes sociaux dans l’ensemble de l’Union européenne.

Syndicalistes et inspecteurs du travail réunis à Helsinki

Ce mois-ci, nous avons également conclu à Helsinki notre projet Flexibility at Work (flex@work), financé par la Commission. Accueillis par la fédération finlandaise de l’encadrement, Akava, après des réunions fructueuses avec des parlementaires nationaux et des groupes d’intérêt, ces deux jours de conférence ont commencé par une présentation de notre guide pratique, Working Anytime, Anywhere par l’experte Nina Hedegaard Nielsen. Des conventions collectives nationales à la législation européenne, cette publication examine les risques, les avancées et les reculs dus à l’évolution du travail, y compris via la semaine de quatre jours. Le guide est disponible ici.

Faisant suite à nos précédents événements de Barcelone, Copenhague et Porto, cette conférence d’Helsinki a rassemblé des syndicalistes et des inspecteurs du travail de toute l’Europe. À l’ordre du jour figuraient certaines questions clefs, comme la directive sur les travailleurs des plateformes, l’acte sur l’intelligence artificielle, et une éventuelle réglementation européenne sur le télétravail et le droit à la déconnexion. 

Non seulement nous nous sommes concentrés sur la législation, mais nous avons également jeté un regard plus large sur les élections européennes, avec notre conférence intitulée «  L’Europe postélectorale. Un changement pour les lieux de travail, ou le statu quo ?  » 

Le mois de mai sera tout aussi chargé  !