Sur scène, l’odyssée de la femme d’un nouvel Ulysse irlandais

La comédienne Hélène Arié, à partir du chef-d’œuvre littéraire de James Joyce, fait la part belle à Molly, moderne Pénélope.

Édition 050 de début mai 2024 [Sommaire]

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Hélène Arié dans le rôle de Molly Bloom. © François Vila

C’est d’après Ulysse, le fameux roman de James Joyce (1882-1941), parangon de la modernité en littérature, qu’Hélène Arié a conçu Molly, le spectacle qu’elle joue, dans une mise en scène qu’elle cosigne avec Antony Cochin.

Molly, dans le roman de Joyce, est l’épouse de Léopold Bloom, en qui l’auteur voyait un Ulysse contemporain. Molly est donc sa Pénélope. «  Molly, dit Hélène Arié, c’est Nora, la femme de Joyce. Elle a refusé de lire le texte, tant les pages qu’elle découvrait lui paraissaient obscènes.  »

«  En écoutant aux portes de ton cœur  » 

À Dublin, le 16 juin 1904, à 2 h 45 du matin, Molly Bloom, qui ne peut trouver le sommeil, s’échappe du lit où son mari, qui vient de rentrer, s’est endormi. Au cœur de la nuit, elle évoque ses amours, ses amants, son enfance… Son monologue clôt le roman. Joyce écrivit à Nora-Pénélope  : «  Je sens que si, dans le futur, j’écris quelque chose de beau, je ne le ferais qu’en écoutant aux portes de ton cœur.  »

«  J’ai voulu partir à la découverte de ce qui se passe dans la tête de Molly Bloom, précise Hélène Arié, comme on part à la recherche d’un monde enfoui, en déroulant le fil conducteur, soit les lettres que James Joyce et Nora s’écrivaient.  » Nora, devenue Pénélope dans le roman grandiose, «  est la figure tutélaire qui accompagne Joyce toute sa vie et inspire une grande partie de son œuvre  ».

Joyce écrit Ulysse entre 1914 et 1921. En 1920, Joyce avait lié connaissance, à Paris, avec Adrienne Monnier et l’éditrice Sylvia Beach. Celle-ci, faisant fi de la censure qui frappait Joyce dans la sphère anglo-saxonne, publia le 2 février 1922 à Paris, rue de l’Odéon, Ulysse en anglais. En 1929, le roman bénéficia d’une traduction française.