Platines – Vous reprendrez bien un canon ?

Le chœur de chambre Mélisme(s) s’est associé la clarinette, la contrebasse et l’accordéon du Trio Bankal pour une interprétation à la fois profonde et légère de Brahms.

Édition 043 de mi-janvier 2024 [Sommaire]

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L’idée paraît évidente, mais il fallait y penser : associer la musique tzigane à celle de Brahms. Rien de plus naturel quand on connaît l’admiration que vouait l’ami cher des Schumann aux sonorités d’Europe de l’Est. Une fascination née de la rencontre, à Hambourg, avec le violoniste hongrois Eduard Reményi, en 1848. Dès ce moment, Brahms se plut à collecter des mélodies folkloriques pour s’en inspirer ou les intégrer à ses compositions. On pense, bien sûr, aux Danses hongroises, écrites entre 1867 et 1880, mais, auparavant, il y avait eu beaucoup d’autres choses, l’entraînant Rondo alla zingarese, du quatuor pour piano en sol mineur (1861), ou l’Allegro giocoso du concerto pour violon (1878), par exemple. 

Alors, quand le chœur de chambre Mélisme(s) et le Trio Bankal se donnent rendez-vous autour des airs pour chœur, entre autres de femmes, on ne peut que se laisser séduire. Et si certains trouvent la musique de Brahms grave, peut-être ennuyeuse, il faut écouter comment la clarinette, la contrebasse et l’accordéon apportent de la joie et de l’insouciance sans rien enlever à la profondeur du chant (Rote Rosenknospen ou Feinsliebchen, du sollst mir nicht) ou donnent à l’enivrante mélancolie de certains airs un caractère de danse endiablée. Datant pour la plupart des années 1860, ces mélodies en canon ont l’éclat et le mystère de la lumière nordique. Un merveilleux mélange.

  • Chœur de chambre Mélisme(s), Colette Diard (p), Bankal Trio, Brahms, le Tzigane, 1 Cd Ad Vitam Records, 18 euros.