Platines – Bach, un sommet à gravir depuis son canapé

La claveciniste Giulia Nuti enchaîne les six « Partitas » du maître de Leipzig avec une tendresse, une pudeur et une créativité qu’on entend rarement sur cet instrument.

Édition 045 de début février 2024 [Sommaire]

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Pas simple de passer après Scott Ross ou Trevor Pinnock. Mais tout n’a pas été dit des Partitas pour clavier. Et Giulia Nuti le prouve avec cette nouvelle intégrale. Postérieures aux suites anglaises et françaises, les partitas furent achevées en 1731. Destinées à la «  récréation des amateurs  » (virtuoses, faut-il le préciser), elles font la synthèse des styles allemand, français et italien. 

Sommet du genre, ce cahier d’exercices se présente sous la forme de six suites de danses, auxquelles la claveciniste née à Cambridge et grandie à Florence apporte sa finesse. Au clavier de son Christian Kuhlmann, elle enchaîne les mouvements avec une liberté et un goût prononcé pour les ornementations (trilles et mordants) qui lui fait peut-être perdre en souffle rythmique, notamment dans la BWV 826, dont Martha Argerich a signé une version légendaire au piano (live au Concertgebouw d’Amsterdam). C’est là, la seule réserve, car, pour le reste, avec ses aigus ronds, ses médiums clairs et ses graves délicats, la musicienne montre une variété de couleurs et de nuances qui ne sont généralement pas associées au clavecin. 

D’une piste à l’autre, elle distille les sortilèges de la Sarabande de la partita BWV 828 (Bach a-t-il écrit pièce plus tendre  ?), exprime une pudique émotion dans la Gigue de la BWV 830, laisse courir son imagination dans la Fantaisie de la BWV 827. À écouter sans fin.

  • Giulia Nuti (cl.), Johann Sebastian Bach. The Six partitas, 2 Cd Arcana, 24 euros.