Platines – Asmik Grigorian, les Quatre derniers pour la route

La soprano lituanienne soulève l’émotion en interprétant les ultimes lieder de de Richard Strauss, accompagnée par le piano intimiste, presque crépusculaire de Markus Hinterhäuser.

Édition 047 de mars 2024 [Sommaire]

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L’initiative est assez rare : enregistrer sur le même disque Les Quatre derniers lieder, de Strauss, à la fois dans leur version orchestrale et dans leur version pour piano. C’est le pari de la chanteuse lituanienne Asmik Grigorian, l’une des soprani lyriques les plus en vue du moment, remarquée dans le rôle de Violetta dans La Traviata, de Donna Elvira dans Don Giovanni, et dans le rôle-titre de Madame Butterfly

Autant le dire de suite, notre préférence va à la version pour piano, dans laquelle le tempérament dramatique de la chanteuse émeut par sa douceur mélodique et sa fragilité. Son timbre, lumineux, et son sens du climat trouvent en Markus Hinterhäuser un appui et confident, tout particulièrement dans les entrelacements de Beim Schlafengehen («  l’heure du sommeil  »). Bien qu’on ne retrouve ni le souffle ni l’ampleur du geste orchestral, le mystère affleure tout au long de ce cycle à la tonalité romantique et crépusculaire, tiré de poèmes de Herman Hesse, et qui résonne, chez Strauss, comme un adieu aux beautés au monde, à ses amis et aux voix de femmes qu’il célébra à travers ses opéras, Salomé, Elektra, Ariane à Naxos… 

Le compositeur devait mourir un an après l’écriture des Vier letzte lieder, en septembre 1949. Pour la version avec orchestre, optez plutôt pour Elisabeth Schwarzkopf et George Szell.

  • Asmik Grigorian, Markus Hinterhäuser (p.), Orchestre philharmonique de Radio France, Mikko Franck (dir.), Laws of Solitude, 1 Cd Alpha Classics, 19 euros.