Platines – Roand de Lassus, alchimiste du madrigal

On découvre avec bonheur la beauté mélodique de cet auteur franco-flamand du XVIe siècle, aussi talentueux dans la musique sacrée que dans la musique profane.

Édition 047 de mars 2024 [Sommaire]

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Pourquoi L’Alchimiste, titre du premier volume de la trilogie consacrée à Roland de Lassus par Philip Cave ? Parce que, en grand voyageur, le musicien franco-flamand multiplia les échanges en Autriche, en Italie, en France et en Angleterre, enrichissant différents genres, notamment le motet pour ce qui est de la musique sacrée, et le madrigal dans le domaine profane. 

Héritier de Johannes Ockeghem, né comme lui dans le Hainaut, un siècle plus tôt, vers 1410, il sut comme nul autre allier le profane et le sacré, exprimant les tourments du croyant de la même manière que le tourment amoureux. Son œuvre compte plus de 700 motets et près de 200 madrigaux, dans lesquels il laisse le texte déterminer la forme musicale.

Parvenu à la quarantaine, ce fervent chrétien se concentra davantage sur l’art sacré, faisant toujours de la recherche du ressenti et de l’expression ses priorités. Entre grégorien pur et madrigal à l’italienne, ses magnificat (cantique de la Vierge), au nombre d’une centaine, se présentent comme des édifices à cinq voix ou plus, tout en ruptures, modulations et contrastes homophonie-polyphonie, comme le sublime Magnificat Alma Real

La beauté mélodique traverse tout l’album, avec des pièces comme Si’o crederessi per morte, Quanto i mille anni ou O Che vezzosa. On attend avec impatience les deux prochains albums qui seront dédiés aux motets et aux chansons.

  • Philip Cave (dir.), Roland Lassus, The Alchimist, vol. 1, 2 Cd Linn Records, 24 euros.