Platines – Bach, une “Passion” au goût d’inachevé

Deux cents ans après la « rencontre » de Mendelssohn avec Bach, Christopher Jackson reprend son adaptation de la « Passion selon saint Matthieu ». Mais quel dommage d’en avoir écarté certains des plus beaux chants.

Édition 049 de fin avril 2024 [Sommaire]

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En 1824, le jeune compositeur prodige Félix Mendelssohn reçoit, pour ses 15 ans, une copie de la Passion selon saint Matthieu, qui n’a plus été entendue depuis sa création. Bach est mort depuis trois quarts de siècle et appartient, pour beaucoup, au passé. Admiratif, le jeune homme rêve néanmoins de redonner vie à cette œuvre. Aidé de proches, il crée le buzz et, le 11 mars 1829, un siècle, jour pour jour, après sa première exécution, 900 curieux se pressent aux portes de l’Académie de chant de Berlin pour écouter «  l’œuvre la plus importante et la plus sacrée du plus grand musicien  ». 

Pour complaire aux goûts de l’époque, Mendelssohn renforce les effectifs musicaux, double les instruments à vent, remplace les hautbois da caccia par des clarinettes, recentre la partition autour de la personne de Jésus, coupe dans les récitatifs, mais aussi dans les arias, les chorals… Redonnée le 21 mars, jour de la naissance du Cantor de Leipzig, la Passion rencontre à nouveau le succès. Ce qui fait dire au jeune Félix qu’il «  appartenait à un Juif de restituer au monde la plus grande des œuvres chrétiennes  »

La version de Christopher Jackson vaut pour la dimension historique et la qualité de ses interprètes, mais, privée de quelques-uns de ses airs les plus beaux – Ich will dir mein Herze Schenken ; Gerne will ich… ; Geduld –, cette Passion laisse un goût d’inachevé.

  • Christopher Jackson (dir), The Bach Choir of Bethlehem, Mendelssohn, Bach, Matthaüs-Passion, 2 Cd Analekta, 24 euros.