Platines – Accordéon : pas là pour faire musette

Ce n’est que dans la deuxième moitié du XXe siècle que le « piano à bretelles » a eu droit de cité dans la musique classique.

Édition 039 de mi-novembre 2023 [Sommaire]

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Surtout ne pas se fier à l’impression initiale que peut laisser le premier enregistrement en solo du jeune accordéoniste Théo Ould. Le propos de sa Lanterne magique n’est pas de ressusciter le climat du Paris de Max Ophüls, époque La Ronde. Il est celui d’une personnalité riche, curieuse de toutes les musiques (dont les goûts vont de Bach à Pat Metheny, en passant par Anne Sylvestre), de littérature, de théâtre, de gastronomie.

Cette ouverture d’esprit, on la retrouve dans un canevas aussi coloré et original que les tenues vestimentaires arborées par ce musicien de 25 ans. Bach et Rameau, pour le baroque ; Mozart pour l’ère classique ; Tchaïkovski et Granados pour le XIXe ; Chostakovitch pour l’aube des temps modernes ; Régis Campo et Tomás Gubitsch  pour aujourd’hui… et demain.

Breveté en 1829, l’accordéon a dû attendre le milieu du siècle dernier pour se défaire de son étiquette d’instrument de bal et susciter l’intérêt du milieu classique contemporain  : Luciano Berio, Jean-Pierre Drouet, Mauricio Kagel, Sofia Gubaïdulina… Pour accompagner ses transcriptions, Théo Ould, désireux d’enrichir le répertoire, a commandé deux œuvres à Tomás Gubitsch et Régis Campo : Pagamania, qui sample voix humaines et duduk (un type de hautbois du Caucase) sur un Caprice de Paganini, et Ad Astra, invitation à un voyage intersidéral d’un musicien qui, enfant, devant le clavier de l’accordéon, s’imaginait aux commandes d’un vaisseau spatial.

Ulysse Long-Hun-Nam

  • Théo Ould, Laterna magica, 1 CD Alpha Classics, 18 euros.