Revue de presse -  Cop 27  : procrastination à Charm el-Cheikh

L’accord obtenu in extremis pour aider les pays du Sud confrontés aux effets du changement climatique n’aura pas suffi à sauver les apparences. Au lendemain de la Cop 27, les éditorialistes oscillent entre colère et déception face à l’inaction des États.

Édition 021 de mi-décembre 2022 [Sommaire]

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© Pessin
L’accord obtenu in extremis pour aider les pays du Sud confrontés aux effets du changement climatique n’aura pas suffi à sauver les apparences. Au lendemain de la Cop 27, les éditorialistes oscillent entre colère et déception face à l’inaction des États.

À l’ouverture, en Égypte, de la Cop 27, les experts du Giec avaient prévenu  : l’objectif de rester sous les 1,5 °C de réchauffement est d’ores et déjà hors d’atteinte. À la sortie, l’alerte n’a pas fonctionné  : c’est la déception qui l’emporte au moment de tirer le bilan de la dernière conférence de l’Onu sur le climat, voire la colère à lire le billet de Christian Chavagneux, éditorialiste d’Alternatives économiques,  : «  On espérait que le texte de la 27e édition détermine enfin un véritable effort en faveur d’une politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Perdu  ! On attendait ainsi que l’on mette les moyens pour “les pertes et dommages”, c’est-à-dire les dégâts déjà causés par le changement climatique en aidant les pays du Sud  : c’est fait, mais ce sera pour 2023 et sans que l’on sache qui va payer et qui va en bénéficier  !  »

Une incapacité à revoir le modèle de développement

L’accord pour «  pertes et dommages  »  : le texte est pourtant qualifié d’«  historique  » dans toute la presse internationale, rapporte Courrier international en citant notamment la Bbc ou le Washington Post, mais aussi le New York Times, cité par l’hebdomadaire  : «  Depuis plus de trente ans, les pays en développement réclament une compensation pour les pays et dommages causés par les tempêtes, les vagues de chaleur et les sécheresses provoquées par le réchauffement de la planète, en demandant aux pays riches de les indemniser  », se félicite-t-il. Sur son compte Instagram, le New Yorker, en publiant une infographie sur les principaux pays émetteurs de Co2, désigne les responsables, en montrant que quatre pays – dont les États-Unis – concentrent, au niveau mondial, plus de la moitié de ces émissions. Le magazine a fait les comptes  : «  Un foyer américain sur quatre est à l’origine d’un niveau d’émissions comparable à celui de 16 foyers argentins, 600 ougandais ou d’un village somalien de 1 600 habitants.  »

Les éditorialistes oscillent entre espoir et désespoir. Espoir car, pour la première fois, la Cop 27 a bien reconnu la nécessité d’une aide financière à destination des pays les plus vulnérables au changement climatique. Mais désespoir face à l’incapacité des États à revoir leur modèle de développement, comme le souligne un éditorial du Monde  : «  La création d’un fonds pour “pertes et dommages” […] si important soit-il, ne doit pas servir de paravent à la procrastination sur le rythme de la réduction des émissions de gaz à effet de serre […]. Charm el-Cheikh est resté le théâtre des postures, l’arène des faux-semblants et l’agora des non-dits sur la dépendance au pétrole et au gaz, qui constitue pourtant le cœur du problème.  » Reporterre le résume d’un titre  : «  Cop 27, réparer les conséquences sans s’attaquer aux causes  ».

Énergies fossiles ou biodiversité  : un cuisant échec

Si la création de ce fonds est bien décrit comme une «  avancée majeure  » par Violaine Colmet Daâge, l’ambition climatique des États n’a pas bougé  : «  Un cuisant échec  », écrit-elle, tant sur la sortie des énergies fossiles que sur la transformation de l’agriculture ou la protection de la biodiversité, pourtant érigée en principe par Emmanuel Macron, rappelle Libération. Le président français n’est pourtant pas bien placé pour faire la leçon  : la France, dans le top 10 des pays les plus émetteurs de Co2, reste en effet l’un des rares États européens à ne pas tenir ses objectifs en matières d’énergies renouvelables pour fin 2020  ; une information récemment confirmée par la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

Au moment du clap de fin de cette Cop 27, passée tout près du fiasco total, c’est la déception qui l’emporte. Elle est notamment exprimée par Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne en charge du «  Pacte vert  » dans un entretien au Monde  : «  Cette Cop 27 a été très décevante. Pas de mention de la fin des énergies fossiles, pas de mention d’une date pour le pic des émissions de gaz à effet de serre, pas de mise à jour des prétendus engagements nationaux de réduction. On n’a rien fait sur la réduction des émissions. On a perdu un an.  » Seulement un an  ?

Christine Labbe