Platines — Scholl en a toujours sous la semelle

Il y a un peu plus de trente ans, il débarquait sur une scène baroque en effervescence, sosie de Clark Kent, grand, la silhouette athlétique, le regard timide derrière des lunettes strictes.

Édition 050 de début mai 2024 [Sommaire]

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De suite, il se fit un nom, Andreas Scholl, et plus encore une voix, reconnaissable entre toutes, cristalline, céleste. Un pur émerveillement, comme avait dû se dire le public de Londres, en 1943, en découvrant Alfred Deller. Les années ont passé, et à bientôt 57 ans, Andreas Scholl a su, malgré les exigences de la scène lyrique et à la différence de nombreux contre-ténors de sa génération, garder toutes les qualités de sa voix : timbre de velours, maîtrise du souffle, assurance technique…

La preuve avec ce récital entièrement dédié à la figure de Marie, où il interprète de nouveau un Stabat Mater, de Vivaldi, qui l’avait révélé en 1995 (avec l’Ensemble 415 de Chiara Bianchini). Outre Venise, il met à l’honneur l’autre foyer musical du 18e siècle, en Italie, à savoir Naples, avec deux extraits d’œuvres de Nicola Porpora et Leonardo Vinci, dont la Sinfonia d’ouverture de l’oratorio Maria dolorota a dû inspirer Vivaldi pour son Nisi Dominus.

À noter, aussi, Pasquale Anfossi (1727-1797), dont le style annonce le classicisme. Auteur de quatre-vingts opéras, il est aussi connu pour avoir collaboré avec Mozart, dont on peut trouver des échos dans le Ad te clamamus, de son Salve Regina. Une mention spéciale pour la prise de son.

  • Invocazioni Mariane. Andreas Scholl, Alessandro Tampieri (vl. & dir.), Accademia Bizantina. 1 CD Naïve. 17€