Le mouvement social n’est pas suspendu à la décision du Conseil constitutionnel.
En décidant d’utiliser tout l’arsenal législatif qui lui permet d’éviter le plus possible les débats démocratiques (47-1, 44-2, 44-3 et 49-3) le gouvernement enfreint le principe de clarté et de sincérité des débats parlementaires :
- 47-1 : projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale (Plfrss) ;
- 44-2 : opposition du gouvernement à l’examen d’amendement ;
- 44-3 : vote forcé pour accélérer les débats ;
- 49-3 : passage en force ferme.
Rien que le 47-1 constitue à lui seul un détournement de procédure concernant les retraites. Utiliser un projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité sociale – qui doit examiner des dispositions financières sur l’année – pour faire passer une réforme des retraites à visée sociétale, impactant profondément la vie des femmes et des hommes de notre pays, n’a pas de sens, si ce n’est économique, idéologique et politique.
Cette mascarade cache mal la volonté du gouvernement de faire passer en force une loi qui n’a aucun sens, inefficace et injuste car elle n’empêchera pas le niveau des pensions de baisser… bien au contraire.
Rien d’étonnant quand on sait que les retraites constituent un objet central de conflit entre le capital et le travail. Ce sont 13,5 % du Pib, 328 milliards d’euros qui, chaque année, grâce à notre système par répartition, échappe au capital et à la spéculation. Il manquerait selon le gouvernement 13 milliards d’ici 2030. Nous proposons plusieurs mesures pour les trouver (égalité salariale entre les femmes et les hommes, augmentation des cotisations, nouvelles ressources financières, mise à contribution des revenus du capital…). Mais c’est là que réside l’autre scandale démocratique : à aucun moment le gouvernement n’a étudié d’alternatives au recul de l’âge de départ… Et pour cause, c’est justement ce qu’exige le patronat qui veut réduire le système par répartition à un filet minimum de sécurité.
Un choix de société donc, que nous gagnerons grâce aux mobilisations.
Quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel, Emmanuel Macron ne peut ignorer encore longtemps le niveau de mobilisation et l’opposition massive de l’opinion publique contre sa réforme et son gouvernement. Car si la démocratie est censurée dans l’Hémicycle, elle s’exprime haut et fort dans la rue, dans les entreprises et les administrations.
Jeudi 6 avril, pour la 11e journée nationale d’action, ce sont encore plus de 2 millions de manifestantes et manifestants qui se sont mobilisé·es.
Le gouvernement se radicalise, mais l’intersyndicale refuse de passer à d’autres sujets. Il faudra bien qu’Emmanuel Macron accepte d’entendre la rue, la démocratie sociale et citoyenne en retirant sa réforme.
Les 64 ans, c’est toujours non ! Dans le monde qui vient, la question de la retraite sera centrale comme celle du temps de travail et des salaires. Nous voulons porter l’exigence de solidarité, seule capable de sauvegarder et de conforter le système par répartition, entre le public et le privé, les cadres et les non-cadres… Nous avons une autre conception de la retraite, à rebours de celle voulant imposer une durée plus longue de vie au travail. C’est financièrement possible. C’est le choix fait par la Cgt et son Ugict.
N’aborder la retraite qu’en termes financiers, ou en mode gestion de crise, empêche de s’attaquer aux problèmes de fond et pourrait avoir pour conséquence de renoncer à des libertés fondamentales. Aborder une énième réforme des retraites sans penser nos sociétés de demain, confrontées à des enjeux environnementaux planétaires, n’a pas de sens. D’ailleurs, dans une tribune publiée sur FranceTvInfo.fr, les principales associations environnementales et de nombreuses personnalités appellent à manifester contre la réforme des retraites, qu’elles jugent préjudiciable à la lutte contre le réchauffement climatique.
La victoire est à notre portée, ensemble faisons vivre la démocratie sociale.