Platines – Haendel : un Salomon d’anthologie

C’est peut-être le plus bel oratorio de Haendel. Une instrumentation colorée, des chœurs somptueux, des airs inspirés… On est loin de l’esprit guerrier des trois oratorios qui le précèdent  : Belshazzar  ; Judas Maccabæus  ; Joshua. Lorsqu’il crée Solomon, en 1749, Haendel, né en Saxe allemande, a retrouvé les faveurs du Royaume-Uni, mais il reste marqué par l’échec londonien du Messie six ans plus tôt.

Solomon est un hommage métaphorique au roi George II, réputé pour sa clairvoyance. Le découpage en trois actes reprend la construction du temple de Jérusalem, le jugement dans le litige qui oppose deux femmes pour un enfant, et la rencontre avec la reine de Saba. La partition présente une vision nuancée et apaisée du monde, ainsi qu’une ouverture à la nature et aux choses humaines, à l’opposé du manichéisme de Judas Maccabæus ou Joshua.

Malgré cela, et en dépit de la volonté de Haendel d’ouvrir le théâtre au grand public, l’oratorio ne connaîtra qu’un succès mitigé, avant de disparaître des mémoires jusqu’à son retour en grâce en 1956, sous la baguette de Thomas Beecham.

Pourtant, il y a de quoi toucher le cœur des plus retors : les airs Bless’d the Day ou What though I Trace  ; les chœurs Your Harps and Cymbals et May no Rash Intruder… Sans oublier certains instrumentaux, comme la symphonie qui annonce l’arrivée de la reine de Saba. Interprétée dans son intégralité, la version du chef et claveciniste Leonardo García Alarcón fera date. D’une verve irrésistible, elle est portée par un quatuor vocal dominé par la soprano Gwendoline Blondeel et le contre-ténor Christopher Lowrey. Le Chœur de chambre de Namur et le Millenium Orchestra sont, eux, tout simplement admirables.

• Leonardo García Alarcón, George Frideric Handel. Solomon, 2 Cd Ricercar, 24 euros.