Infographie -  Répartition des richesses : les entreprises du CAC 40 championnes des inégalités

L’ONG Oxfam pointe la conséquente disparité dans la répartition des richesses en France et son accroissement. Versement de dividendes aux actionnaires et gonflement de l’écart entre rémunération des dirigeants et des salariés en sont deux repères.

Édition 035 de mi septembre 2023 [Sommaire]

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Première donnée illustrant le déséquilibre croissant entre les sommes versées aux actionnaires et celles dédiées à l’entreprise et aux salarié·es, ainsi que la financiarisation continue des entreprises  : la répartition de la valeur ajoutée. Dans son rapport de juin 2023, Oxfam souligne que pour les 100 entreprises les mieux cotées en bourse, les 10 dernières années ont vu un accroissement important des dividendes.

Entre 2011 et 2021, les versements destinés à la masse salariale ont augmenté de 22  % quand ils ont cru de 57  %, sur la même période, pour les montants des dividendes. En 2021, ces 100 entreprises ont versé 71  % de leur gain de l’année à leurs actionnaires.

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Les montants de ces dividendes battent régulièrement des records et affichent aussi une capacité des grandes entreprises à s’affranchir plus rapidement d’un contexte de crise pour renouveler avec la pratique de versements importants. Le rapport pointe qu’après la crise des subprimes de 2008, il avait fallu deux années avant de retrouver le niveau des versements d’avant crise. Tandis que suite à la crise sanitaire de 2020, l’année 2021 renoue déjà avec des chiffres de 2018 et 2019.

Sur le graphique, les sommes qui atteignent les 50 milliards d’euros pour 2019 représentent les montants des seuls dividendes versés par les entreprises du CAC 40. Ils ne tiennent pas compte des montants dévolus au rachat d’action (à rajouter aux dividendes versés) qui, pour 2021 seulement, se montent à 22,6 milliards d’euros.

En outre Oxfam dresse un parallèle stupéfiant entre les versements de dividendes qu’Engie a réalisés entre 2011 et 2021, 23,6 milliards d’euros, quand elle enregistrait sur la même période 784 millions d’euros de pertes.

Ces sommes trouvent également un écho chez celles que les entreprises accordent à la rémunération de leurs dirigeants. Dans les 10 dernières années, la rémunération totale des PDG des entreprises du CAC 40 a presque doublé, passant de près de 170 millions d’euros en 2011 à plus de 320 millions en 2021. Et même en calculant la moyenne de ces rémunérations pour chacun des dirigeants, l’ONG fait la démonstration qu’elles aussi suivent le doublement constaté chez les dividendes, passant de 4,3 millions en 2011 à plus de 8,2 millions d’euros en 2021.

Une augmentation qui, arithmétiquement, renforce l’écart entre les rémunérations des dirigeants et celles des salariés dans les entreprises. Accentué par le contexte inflationniste et les choix opérés sur la répartition de la valeur ajoutée, Oxfam souligne qu’en 10 ans, l’écart entre le salaire moyen des dirigeants des entreprises du CAC 40 et celles de leurs salariés est passé de 64 à 97.

Et de pointer les trois plus grosses rémunérations consenties à des dirigeants par des entreprises françaises, Dassault, Stellantis et Teleperformance, et le montant moyen des salaires.

Dans ces trois grandes entreprises, les écarts entre ce que touche le PDG et ce que touche (en moyenne), un salarié de l’entreprise sont colossaux. Le ratio est de plusieurs centaines au minimum. Ils s’établissent à 385 fois plus chez Dassault, 1139 fois plus chez Stellantis et 1484 fois plus pour Teleperformance.

Des chiffres qui viennent justifier l’actualité de l’été qui aura fait gagner une médaille à la France pour son nombre de millionnaires. Ils sont en augmentation dans notre pays alors que le nombre baisse dans le monde. Il y a désormais plus de 2,8 millions de millionnaires français, nous classant troisième derrière les États-Unis et la Chine.