Infographie -  Rapport au travail : les salariés n’y trouvent pas (ou plus) leur compte

Une note de la Fondation Jean-Jaurès de janvier 2023 livre une série de données pour comprendre la place de moins en moins centrale qu’occupe le travail dans la vie des Françaises et des Français.

Édition 025 de mi-février 2023 [Sommaire]

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Dans l’étude «  “Je t’aime, moi non plus”, les ambivalences du nouveau rapport au travail  », Flora Baumlin et Romain Bendavid, de l’Ifop, tentent de dresser un tableau le plus précis possible des nouvelles représentations associées au travail.

Pour cela, ils reviennent dans un premier temps aux origines du recul observé depuis plusieurs années. Si, en 1990, 60  % des sondés affirmaient que le travail occupait une place « très importante » dans leur vie, ils ne sont plus que 21  % à le concéder en 2022. L’enquête de l’Ifop nuance toutefois ce propos en soulignant que 84  % des salariés, toujours en 2022 (contre 92  % en 1990), continuent de penser que le travail est «  important  ».

Il est frappant de constater que la réponse «  très importante  » est exprimée indépendamment du genre, de l’âge, ou de la catégorie professionnelle. Aucune, y compris les cadres, ne l’affirme à plus de 25  %. Les chercheurs y voient «  un renversement des aspirations et des symboles de réussite professionnelle hérités des Trente glorieuses  ».

À tel point que 61  % des répondants indiquent que c’est le temps libre qui importe le plus à leurs yeux, et non le fait de gagner de l’argent. Le slogan «  Travailler plus pour gagner plus  » lancé par Nicolas Sarkozy en 2008 fait moins recette, note l’étude qui met en évidence une inversion des réponses en quinze ans. À l’époque en effet, 62  % des répondants préféraient gagner plus d’argent, contre 38  % qui souhaitaient davantage de temps libre. Parmi les catégories qui, en 2022, plaidant le plus pour davantage de temps libre, on trouve les femmes (64  %), les 35-49 ans (69  %) et les catégories supérieures (72  %).

Une des explications tient au peu de satisfaction que les salariés retirent de leur travail. En l’espace de trente ans, notent les auteurs de l’étude, la proportion d’actifs s’estimant perdants dans leur rapport au travail a doublé pour atteindre désormais la moitié de la population.

Cette dégradation du rapport au travail est illustrée par d’autres données  : en 2022, 54  % des répondants considèrent le travail comme une contrainte et non comme un moyen de s’épanouir  ; c’était le cas de 49  % des sondés en 2006. Ils sont même une majorité (53  %) à songer à démissionner.