Infographie -  La smicardisation de la France tire les salaires vers le bas

En 2023, 17,3% des salariés français étaient au smic, contre 12% en 2021. Cette proportion considérable impacte toute la chaîne des salaires, engendrant déclassement et désengagement au travail.

Édition 049 de fin avril 2024 [Sommaire]

Temps de lecture : 2 minutes

Options - Le journal de l’Ugict-CGT

Lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé sa volonté de «  désmicardiser  » le pays. Regrettant « une France où beaucoup sont condamnés à rester proches du smic toute leur carrière », il n’a, pour autant, pas précisé sa méthode pour y remédier. Il a toutefois missionné deux économistes, Étienne Wasmer et Antoine Bozio pour proposer des pistes.

Cette smicardisation est bien réelle, et a des effets sur la rémunération de l’ensemble salariés français, en contribuant notamment à tasser les salaires. Une des raisons évoquées  : le smic, et lui seul, est indexé sur l’inflation.

Le baromètre Bpifrance Le Lab-Rexecode de février 2024 pointe l’augmentation conséquente du nombre de salariés au smic en 2023. Avec 3,1 millions, c’est presque moitié plus qu’il y a deux ans : en 2021, on comptait 2,1 millions de «  smicards  » dans le secteur privé non agricole.

Interrogés dans ce baromètre, les chefs d’entreprises des Tpe et Pme (de 1 à 250 salariés), évoquent la difficulté, voire l’impossibilité, pour 78  %, d’entre eux, d’augmenter les salaires. Les deux principales explications avancées sont le « manque de marges financières » et la perte d’exonérations de cotisations patronales qu’induirait une hausse des salaires.

Les exonérations de cotisations sur les bas salaires créent donc un effet de seuil. Et il est amplifié par l’exonération de cotisation sur la prime de partage de la valeur (Ppv) et sur la prime d’activité, justement réservée aux bas salaires.

Cette incitation à ne pas dépasser un certain seuil de rémunération est ce qu’on appelle la « trappe à bas salaires ». Au total, 34 % des dirigeants de Tpe-Pme interrogés disent y être confrontés. Et, parmi eux, la moitié pensent que c’est un frein à la croissance de leur entreprise.

Dénonçant les exonérations massives, la Cgt a calculé que celles-ci avaient des effets sur les salaires jusqu’à 3,5 fois le smic. Et de contester l’« empilement des dispositifs » qui prétendent soutenir l’emploi et renforcer la compétitivité du pays. La Cgt indique qu’en mars 2024, il y avait désormais 30 branches professionnelles sur 170 pour lesquelles le salaire de base se situait sous le smic.

Dans ses propositions, la Cgt dénonce des entreprises devenues « addictes  » aux exonérations massives. Pour elle, «  le problème ce n’est pas le fait que le Smic soit indexé sur les prix, c’est le fait que les autres salaires ne le soient pas ».