Platines – Chausson lui va comme un gant

Une alternance entre d’épisodes agités et méditatifs : le violoniste Gabriel Le Magadure a choisi d’interpréter deux œuvres assez proches par leur climat, signées d’Ernest Chausson et de Guillaume Lekeu.

Édition 050 de début mai 2024 [Sommaire]

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Ce sont deux des plus belles pages de la musique de chambre que Gabriel Le Magadure a réunies pour son premier disque : le Concert pour piano, violon et quatuor à cordes, d’Ernest Chausson, et la Sonate pour piano et violon, de Guillaume Lekeu. Dédiés l’une et l’autre au virtuose et pédagogue Eugène Ysaÿe, ces deux chefs-d’œuvre doivent pour partie à Wagner – les plus éclairés croiront entendre des accents de Tristan à travers le premier mouvement du Concert, de Chausson – ou encore à Fauré – la Sicilienne, du même Concert

Mais les deux partitions se distinguent surtout par leur originalité, à commencer par la formation instrumentale du Concert. Il y a une ressemblance certaine entre les deux œuvres sur le plan du climat, avec une alternance entre des épisodes agités et d’autres plus méditatifs, témoignant de la richesse intérieure de leurs auteurs. Moins connu du grand public que Chausson, Guillaume Lekeu l’est davantage des musiciens, sa sonate en sol majeur étant entrée dans le répertoire. Lui ayant valu le surnom de «  Rimbaud de la musique  », elle reflète une personnalité à la pensée profonde, raffinée, à la fois enthousiaste et mélancolique – à l’image de l’Appassionato –, comme pressentant sa mort prochaine  : il sera emporté par la fièvre typhoïde à l’âge de 24 ans. 

La lecture qu’en fait le second violon du quatuor Ébène, sensible, dépourvue de tout pathos, vaut absolument le détour.

  • Gabriel Le Magadure (vl), Frank Braley (p), Quatuor Agate, Chausson Lekeu, 1 Cd Appassionato, 15 euros.