Dessin -
Avec une inflation galopante, l’urgence d’une augmentation générale des salaires
Partout, mobilisations sous de multiples formes et grèves se multiplient pour imposer des augmentations générales, seules capables de soutenir le pouvoir d’achat et de financer la protection sociale.
Partout, mobilisations sous de multiples formes et grèves se multiplient pour imposer des augmentations générales, seules capables de soutenir le pouvoir d’achat et de financer la protection sociale.
Secteur après secteur, dans le public comme dans le privé, entreprise après entreprise, dans les Pme comme dans les multinationales, toutes catégories confondues… alors que les prix à la consommation devaient augmenter de 5,8 % en juin sur un an, indiquent les dernières prévisions de l’Insee, les mobilisations pour des augmentations générales de salaires se multiplient de semaine en semaine.
Selon un sondage publié par Les Échos, pour 76 % des Français, les mesures annoncées par le gouvernement pour « sauvegarder » le pouvoir d’achat (aide de rentrée, primes défiscalisées, indemnité carburant pour les ménages les plus modestes…) ne règleront rien : seules des augmentations générales de salaires permettront un réel rattrapage d’une inflation à des niveaux historiques et le financement de la protection sociale à la hauteur des besoins sociaux. Ce n’est pas, pour l’instant, le chemin qui est tracé : selon la Dares, au premier trimestre, l’indice du salaire de base n’a augmenté que de 2,3 % sur un an pour l’ensemble des salariés.
Proposition d’une échelle mobile des salaires
Par catégorie socioprofessionnelle, cette augmentation du salaire de base est, toujours sur un an, de 2,7 % pour les employés, de 2,8 % pour les ouvriers, de 1,9 % pour les professions intermédiaires et de 2 % pour les cadres. Confirmation par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) dans son dernier baromètre sur la rémunération des cadres, qui montre toutefois que 18 % d’entre eux n’ont, pour l’instant, bénéficié d’aucune augmentation en 2022. Et alerte sur deux réalités. D’une part, une part croissante des cadres – notamment les moins de 35 ans – sont insatisfaits en matière salariale, « dans un contexte de fortes tensions géopolitiques et inflationnistes », comme le démontre notamment l’action menée par la coordination Cgt du Quai Roosevelt. D’autre part, les inégalités salariales persistent entre les femmes et les hommes : l’écart est de plus de 7 % à profil et poste équivalents. À cette exigence d’égalité salariale, la Cgt ajoute une autre proposition : celle de rétablir l’échelle mobile des salaires, permettant de répercuter automatiquement l’augmentation du Smic sur l’ensemble des salaires dans le privé et le public.
Fonction publique, Sncf… plus d’une décennie de quasi-gel salarial
La colère sociale est d’autant plus vive que la faiblesse des augmentations, quand il y en a, intervient après plusieurs années de gel salarial. À commencer dans la Fonction publique. Au lendemain des élections législatives, l’intersyndicale Cfdt, Cfe-Cgc, Cftc, Cgt, Fafp, Fo, Fsu, Solidaires et Unsa alertait sur l’urgence d’un rattrapage, en demandant une revalorisation conséquente et visible de la valeur du point d’indice, ainsi que des mesures d’urgence sur les grilles de rémunération, notamment pour accélérer l’égalité professionnelle entre femmes et hommes.
« Ce n’est pas le système de rémunération de la Fonction publique qui est la cause de la dégradation présente : les raisons premières en sont bien les politiques d’austérité, la douzaine d’années de quasi-gel de la valeur du point et les dispositions successives visant à réduire drastiquement la part du traitement brut dans le salaire global », a ainsi souligné la Cgt à l’ouverture de la conférence sur les salaires. Et d’affirmer la nécessité d’un « effort d’ampleur inédite » avec effet rétroactif au 1er janvier 2022 : au moins 10 % d’augmentation de la valeur du point.
C’est dire si l’augmentation de 3,5 %, applicable au 1er juillet, annoncée par le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, ne suffit pas. S’il y a dégel, il n’est pas à la hauteur, dénonce en substance la Cgt Fonction publique dans un communiqué, même si elle se félicite de « cette première brèche […] à mettre au crédit des luttes menées par les personnels fonctionnaires et non titulaires avec leurs organisations syndicales ».
Un contexte social marqué par de nombreuses luttes locales
Des luttes, il y en a également dans le secteur des transports. Sur les plateformes aéroportuaires parisiennes d’Orly et de Roissy, sept syndicats ont appelé les salariés à cesser le travail du 1er au 3 juillet, pour une augmentation des salaires de 6 % au 1er janvier 2022. À la Sncf, le 6 juillet, à l’ouverture de la table ronde sur les salaires, Cgt, Sud-Rail et Cfdt ont lancé un appel à la grève unitaire pour réaffirmer l’urgence salariale, dans un contexte social extrêmement tendu marqué de nombreuses luttes locales. La Cgt a fait les comptes : ce sont 12,6 % qui ont été perdus en raison de la hausse des prix depuis 2014, alors que la productivité a, elle, augmenté de 17,6 %.
Dans l’énergie enfin, l’interfédérale Cgt, Cgc, Cfdt et Fo appelait à la grève le 28 juin, puis à nouveau le 4 juillet, après les premières propositions de la direction visant à augmenter le salaire national de base d’à peine 0,7 % au 1er octobre 2022… d’anticipation sur l’année 2023. Inacceptable !
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