Nao : l’inflation persiste, pas les hausses de salaires

L’analyse de 421 accords de Nao signés début 2024 indique des augmentations générales, mais aussi individuelles, moindres que l’année précédente.

Édition 046 de fin février 2024 [Sommaire]

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Les négociations annuelles obligatoires (Nao) se suivent… et ne se ressemblent pas. Après une année 2023 caractérisée par le retour des augmentations générales, y compris pour les cadres, l’année 2024 semble marquer un retour aux pratiques anciennes  : des budgets «  salaires  » en baisse, notamment pour ce qui est des augmentations générales, comme si l’inflation n’était finalement plus une préoccupation pour les entreprises. Le constat est posé par le Centre d’études & data du groupe Alpha qui s’intéresse aux hausses de salaire négociées en 2024 dans le secteur privé, à travers l’analyse de 421 accords de Nao signés en ce début d’année, exploitables et disponibles sur le site Legifrance.

Si l’inflation été moins forte en 2023, du fait notamment d’une moindre augmentation des prix de l’énergie, l’Insee l’établit tout de même à 4,9  % (contre 5,2  % en 2022). Cela n’empêche donc pas les entreprises de mettre un coup de frein aux augmentations qui, en moyenne, sont passées de 4,6  % à 3,5  % en un an, toutes catégories socioprofessionnelles confondues. Presque mécaniquement, les augmentations générales en pâtissent  : la tendance au retour de des augmentations «  ne s’est pas poursuivie en 2024  », soulignent les auteurs de l’étude. Elles ne concernent plus que 64  % des ingénieurs et cadres (contre 70  % en 2023) et 79  % des professions intermédiaires (– 7 points). 

Des pertes cumulées de pouvoir d’achat

Cette contraction des augmentations générales n’a pas été compensée par une hausse des augmentations individuelles, attribuées dans un cas sur deux. Si cette pratique stagne pour les profession intermédiaires (55  %), elle est en baisse pour les ingénieurs et cadres  : six sur dix sont concernés, contre 64  % un an plus tôt. Pour le groupe Secafi-Alpha, «  il est possible d’en déduire que les budgets prévus par les entreprises sont moins mixtes qu’en 2023, […] davantage constitués d’augmentations générales ou individuelles exclusives  ».

Au total, depuis trois ans, si les augmentations tendent à suivre l’inflation, elles ne la dépassent pas, ce qui entraîne «  des pertes cumulées de pouvoir d’achat pour les salariés, avec des salaires réels en baisse  ». Après une flambée des prix de l’alimentation en 2023 (+ 11,8  %), l’année 2024 débute sur la base de prévisions incertaines, notamment pour des raisons géopolitiques. En dépit ce des incertitudes, à peine 5  % des accords Nao de l’échantillon étudié par Secafi-Alpha ont intégré une clause de revoyure pour, sous certaines conditions – dépassement d’un seuil d’inflation, évolution du Smic, regain de l’activité de l’entreprise… – rouvrir les négociations salariales.