Chronique européenne -  Vu d’Europe – Vers la transparence des salaires pour les cadres

Par Nayla Glaise, présidente d’Eurocadres

La transposition de l’une des directives les plus importantes de l’UE adoptées des dernières années a été centrale dans l’activité d’Eurocadres, aux côtés d’autres thèmes : la prévention des risques psychosociaux et la formation professionnelle et l’IA.

Édition 062 de mi-décembre 2024 [Sommaire]

Temps de lecture : 3 minutes

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Le mois de décembre 2024 a été marqué par un accord politique entre le Parti populaire européen (Ppe), Socialists & Democrats (S&D) et Renew Europe pour mettre en place un nouveau collège de la Commission, avec un soutien historiquement faible. Depuis, nous n’avons observé qu’une faible activité, la plupart des commissaires se concentrant sur le recrutement de personnel, l’aménagement de leur bureau et l’anticipation de leur travail… Sans programme précis.

Au Parlement, le principal objet de discorde est de savoir qui dirigera les commissions nouvellement formées sur le logement, la santé et la défense, aucun accord n’ayant encore été conclu. Cela peut ressembler à une simple question de procédure, mais les commissions sont une étape cruciale du développement de la politique européenne. Ces trois portefeuilles étant désormais créés, nous pouvons nous attendre à ce que la législation ou les fonds soient adoptés par l’intermédiaire des députés membres de ces comités, quelle que soit la personne qui les dirige. Le logement est une priorité du groupe S&D, avec un commissaire à la tête de ce portefeuille, tandis que le « tsar » de la santé au Berlaymont – le siège de la Commission – est un homme du Premier ministre hongrois, Victor Orbán.

Malgré ce manque d’activité des institutions pendant les fêtes de fin d’année, Eurocadres a poursuivi ses activités, en publiant notamment deux nouveaux rapports — l’un sur les conditions de travail dans la recherche ; l’autre sur la transparence des salaires pour les cadres. Les deux sont disponibles dans leur intégralité sur notre site web.

Campagne EndStress  : aller plus loin

Sur le plan politique ont été adoptées trois positions importantes, sur les risques psychosociaux au travail, la formation professionnelle et l’IA.

La question des risques psychosociaux liés au travail a progressé ces dernières années. Malgré la pause politique au niveau européen, les syndicats et la société civile ont accentué leur pression en faveur d’une action à la hauteur de l’enjeu, à travers la campagne EndStress : ce mois-ci, 50 organisations réunies eu sein de la plateforme se sont accordées sur une position commune. Ce document décrit le contexte, l’importance, les efforts existants pour freiner l’un des plus grands risques pour la santé des travailleurs européens et y apporter des solutions. Ce document n’est pas totalement finalisé, il est encore destiné à s’enrichir.

Comme nous l’avons vu lors des auditions des commissaires et dans la formation des nouveaux portefeuilles, l’intelligence artificielle et la formation professionnelle vont être des sujets centraux au cours des cinq prochaines années. Avec l’adoption de nos positions sur ces deux thèmes, associée à notre travail de plaidoyer, nous sommes dans une excellente position pour nous battre en faveur des travailleurs, dans toute l’Europe.

Et enfin, nous avons lancé notre travail sur la transparence salariale pour les cadres. Ce projet de deux ans, cofinancé par la Commission européenne, se concentrera sur la transposition de l’un des textes les plus importants de l’Union européenne de ces dernières années.

Le premier évènement autour de ce projet a eu lieu le 10 décembre 2024, via un webinaire axé sur la recherche universitaire et une table ronde. Barbara Helfferich de Gender5+ en a donné le coup d’envoi en détaillant l’ampleur du défi et a ​​présenté le rapport intitulé « Implementing equality – delivering pay transparency for professionals and managers » (« mettre en œuvre l’égalité — assurer la transparence salariale pour les cadres ») axé sur la situation observée dans sept États membres – la Belgique, l’Allemagne, la Finlande, la France, la Hongrie, l’Italie et l’Espagne.

La fin des inégalités  : un choix politique

Selon des données de l’Ocde, l’écart salarial entre les hommes et les femmes au sein des entreprises atteint 17 % dans les pays dépourvus de lois sur la transparence salariale, contre 14 % dans les pays qui en ont adopté. Le choix semble donc évident, mais il a fallu se battre pour faire adopter la directive, et il va de nouveau falloir se battre pour la transposition. Notre table ronde « Victoires remportées et prochaines étapes » a porté là-dessus. Étaient présentes :

  • la Danoise Kira Marie Peter-Hansen, rapporteuse du dossier et eurodéputée écologiste ;
  • la Finlandaise Lotta Savinko, responsable de l’égalité des sexes, de la santé et de la sécurité chez Akava ;
  • la Française Emmanuelle Lavignac, secrétaire nationale à l’égalité des sexes à l’Ugict-Cgt ;
  • l’italienne Paola Panzeri, secrétaire générale adjointe et responsable de l’égalité pour EPSU, le syndicat européen des services publics.

Un remerciement à toutes et tous les participants pour leurs excellentes contributions à cet évènement, dont la captation vidéo, le rapport et la présentation sont disponibles ici.

En remerciant tous ceux qui m’ont suivie en 2024, je vous souhaite, ainsi qu’à vos proches, une belle et heureuse année 2025 !