L’agenda culturel d’avril 2024

À la Tempête, grâce à Patrick Pineau, satire dans tous les coins.

Patrick Pineau, de la compagnie Pipo, met en scène Le Mandat, la première pièce, écrite en 1924, du scénariste et auteur dramatique soviétique Nicolaï Erdman (1900-1970), dont une œuvre théâtrale, Le Suicidé, a été plusieurs fois montée en France avec succès. Une copieuse distribution (quinze interprètes, dont Pineau lui-même, acteur exceptionnel) est au service de cette époustouflante satire, qui fut en son temps créée par le grand metteur en scène novateur que fut Vsevolod Meyerhold (1874-1940).

Le mandat en question n’a rien à voir avec le service postal. Il faut entendre le mot au sens de procuration ou de pouvoir donné. La scène se passe en Russie, sept ans après la chute du tsar. La famille Goulatchkine, à l’esprit petit-bourgeois postrévolutionnaire, et la famille Smétanitch, nostalgique de l’ordre ancien, ne voient d’autre issue, pour survivre dans ce monde nouveau, que de marier la fille Smétanitch au fils Goulatchkine. Ce dernier est chargé de prendre sa carte au Parti pour garantir la sécurité de tout le monde… 

Patrick Pineau place sa mise en scène sous le signe de «  l’intelligence qui s’amuse  ». Cela revient, pour lui, «  à s’en remettre à la force comique et à la puissance humoristique des répliques et des situations inventées par Erdman  ».

• Du 18 avril au 5 mai, dans la salle Serreau du théâtre de la Tempête, à la Cartoucherie, route du Champ-de-Manœuvre, Paris 12^e.

FILM – L’affaire Abel Trem

Gábor Reisz (Hongrie)

Ce film primé à Venise en dit long sur la Hongrie d’aujourd’hui. À Budapest, le lycéen Abel, recalé en fin d’année à son oral d’histoire, invente un bobard lourd de conséquences. Il raconte à son père, fervent électeur du Fidesz, le parti d’Orban, que l’enseignant l’a interrogé sur la cocarde nationaliste arborée sur sa veste. Une journaliste aux ordres monte ce mensonge en épingle et dénonce violemment le prof «  gauchiste  ». Voilà une étude de mœurs très actuelle.