Instruments d’époque  : les enfants de Marais

Selon un érudit du XVIIIe siècle, la viole était l’instrument le plus à même d’imiter la voix humaine. Il est en tout cas idéal pour interpréter les maîtres de l’époque – Rameau, Couperin, Marais… – comme nous le démontre le duo Mélisande Corriveau et Susie Napper.

Édition 035 de mi septembre 2023 [Sommaire]

Temps de lecture : 1 minute

Options - Le journal de l’Ugict-CGT

On avait découvert Mélisande Corriveau et Susie Napper, qui forment le duo Les Voix humaines, à l’occasion du festival Le Québec à Paris, en mars 2023. Sorti dans la foulée du concert donné dans la très jolie bibliothèque musicale La Grange-Fleuret, à Paris 8e, Anguille sous roche rassemble des pièces pour deux violes du «  maître  » Marin Marais (1656-1728), mais aussi de Jean-Philippe Rameau et de François Couperin, plus connus pour leurs partitions pour clavecin.

Certaines des œuvres interprétées ici sont, d’ailleurs, transcrites du clavier. Auteur, en 1740, du traité Défense de la basse de viole contre les entreprises du violon et les prétentions du violoncelle, Hubert Le Blanc jugeait que cet instrument à six cordes était le plus à même d’«  imiter les plus beaux agréments de la voix  ».

Les Voix humaines tirent leur nom, justement, d’une composition éponyme de Marin Marais. La viole partage avec le violoncelle – dont elle n’est pas l’ancêtre, comme on serait tenté de le croire – cette sonorité capable de toucher au plus profond. La finesse, la grâce expressive, le soyeux du boyau dont sont faites les cordes crée une intimité dont la fantaisie et l’humour ne sont pas absents : Pointé-Coulé ; La Coulicam ; Saillie du jardin…. La Chaconne en sol majeur de Marais (un sommet), La Livri, de Rameau, ou Les Airs pour la suite du Trophée, de Couperin, complètent un tableau à la poésie immatérielle.

  • Les Voix humaines, Anguille sous roche. Pièces à deux violes, 1 Cd Atma Classique, 19 euros.