« Soulèvements de la Terre » : le gouvernement en guerre contre les mobilisations citoyennes

Des représentants des associations qui soutiennent « Les Soulèvements de la terre » ont déposé un recours au Conseil d’Etat le 21 juin, jour de dissolution par décret du mouvement. Et appellent à poursuivre les mobilisations.

Édition 033 de fin juin 2023 [Sommaire]

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Devant le Conseil d’Etat, les Soulèvements de la Terre contestent et refusent la dissolution. DR

«  Ce qui repousse partout ne peut être dissous. Nous sommes les Soulèvements de le Terre  ». Le 21 juin, des représentants des quelques 180 associations qui se réclament de ce mouvement ont déposé un recours auprès du Conseil constitutionnel, dénonçant l’utilisation d’une loi contre le terrorisme islamiste pour baillonner l’expression démocratique et les mobilisations citoyennes de défense de l’environnement. Ce même jour en effet, la dissolution des Soulèvements de la Terre, annoncée par le gouvernement le 28 mars, quelques jours après les affrontements près de la méga-bassine de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) a été actée par décret, au motif notamment que les actions auxquelles le mouvement appelle provoquent « des manifestations armées ou des agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens ».

Parmi les prises de parole à la sortie du Conseil constitutionnel, des représentants d’organisations paysannes, de  syndicats, d’élus, d’avocats, d’éditeurs, de scientifiques et chercheurs, de la Ligue des droits de l’Homme, d’Attac de Youth for climate, Extinction rebellion ou Alternatiba, ainsi que la jeune activiste pour le climat Greta Thunberg.

Extraits des interventions du cinéaste Cyril Dion et de l’anthropologue Philippe Descola.

De nombreux syndicats ou organisations de la Cgt ont également exprimé leur solidarité avec Les soulèvements de la Terre, et signé l’appel du 21 juin, qui invite à poursuivre les mobilisations malgré cette nouvelle atteinte aux libertés d’expression et de manifestation. Des rassemblements de soutien ont eu lieu partout en France le 28 juin, alors que des militants pour l’environnement font l’objet de poursuites en justice et de condamnations. Il s’agissait aussi de condamner la recrudescence des violences policières, au lendemain du drame ayant coûté la vie au jeune Nahel à Nanterre.

La dissolution des Soulèvements de la Terre pose des problèmes juridiques, politiques et démocratiques. Le collectif d’associations ne peut être tenu pour responsable des violences commises dans le cadre des initiatives qu’il soutient, d’autant plus qu’elles sont parfois le fait d’interventions policières dont la légitimité reste discutable et discutée. Il ne le doit pas plus qu’une  intersyndicale, qui se verrait accusée des violences pendant ou en marge des manifestations qu’elle organise.

Cette offensive du gouvernement, une première en France contre les mobilisations écologistes, confirme la volonté du gouvernement français de criminaliser le militantisme et les mobilisations de défense de l’environnement, en instituant une sorte de répression préventive contre toute forme de mobilisation, qu’elle soit de l’ordre d’une action ou d’une expression. Sombre présage.

En attendant la réponse du Conseil d’Etat à leur recours, les associations et organisations qui se réclament des Soulèvements de la Terre appellent à poursuivre les mobilisations pour la défense de l’environnement et du vivant partout où elles sont prévues.

Texte et vidéos Valérie Géraud