Privées en grande partie du contact direct avec les salariés, les organisations tentent de s’adapter et d’innover en utilisant les outils numériques. Illustration avec l’Ufict Cgt-Mines-Énergie.
C’était il y a un peu plus d’un an : à l’appel de l’intersyndicale des industries électriques et gazières (Cgt, Cgc, Cfdt et Fo), la journée de mobilisation contre le projet Hercule (voir Options, octobre 2019) était qualifiée d’« exceptionnelle », tant pour les personnels d’exécution ou la maîtrise que pour l’encadrement. En cette fin du mois de novembre 2020, alors que les négociations entre l’État français et la Commission européenne semblent s’accélérer, le second confinement a suscité une réflexion sur les modes d’action dans les organisations, privées en grande partie du contact direct avec les salariés.
C’est le cas pour l’Ufict Cgt-Mines-Énergie, qui a pris parti du contexte créé par la crise sanitaire pour tenter de s’adapter en utilisant le potentiel des outils numériques : « Nous sommes partis d’un double constat, explique Virginie Gonzales, secrétaire générale de l’Ufict : l’insuffisance du tractage au regard de la complexité du projet Hercule ; la difficulté à organiser des réunions d’information syndicale “classiques” alors que les salariés, pour beaucoup, ne sont pas sur site. » Le choix a été fait d’organiser, sur une plateforme de visioconférence, un « webinaire » de décryptage du projet de démantèlement d’Edf et du plan Clamadieu chez Engie, à destination des organisations d’ingénieurs, cadres et techniciens (Ict) : « Il s’agissait à la fois de permettre une appropriation des enjeux pour être relayés sur le terrain et de faire preuve d’initiative et d’innovation », explique-t-elle.
Une alternative : le Plan progressiste pour l’énergie (Ppe)
Structuré en deux débats identiques, le webinaire a fait intervenir Delphine Leblanc, élue au Cse d’Engie, Philippe Lepage et Jean-Paul Rignac, administrateurs salariés d’Engie et d’Edf, sur trois thématiques : le décryptage des choix stratégiques ; leur impact à moyen et long terme tant sur l’avenir industriel que sur celui des emplois ; l’alternative proposée par la fédération au travers du Plan progressiste pour l’énergie (Ppe).
Le succès numérique a surpris : environ 490 participants pour les deux réunions. Si le premier débat a plutôt intéressé les militants, le second a intégré, par bouche-à-oreille, davantage de salariés. « On peut le déduire des questions posées et des remarques postées sur le chat, axées sur l’impact direct de ces stratégies, en termes d’avenir personnel, de statut ou d’activités sociales », remarque Virginie Gonzales.
Des salariés intéressés par un format inhabituel
C’est un des points positifs du webinaire organisé en deux temps : il a probablement attiré des salariés qui ne seraient pas venus aux réunions d’information syndicale sous leur forme habituelle, même si l’impossibilité de se connecter à la plateforme avec le matériel d’entreprise reste un problème. C’est une supposition, car le système fonctionnant « en aveugle », il n’est pas possible d’affiner l’observation : pas d’image ni de connaissance des participants, pas de communication verbale, pas de précision sur les temps de connexion… « Dans l’immédiat, il est en effet difficile d’avoir des éléments d’appréciation sur un format qui nous prive en quelque sorte d’interaction la salle, avec une réelle difficulté à orienter les débats, souligne Virginie Gonzales. Mais les premiers retours sont très bons et nous avons des demandes pour réitérer l’expérience, sous des formats différents comme des table rondes, plus dynamiques. »
L’expérience, dans tous les cas, vient en complément et ne se substitue pas aux autres modes d’action, sous diverses formes : appel à la grève et intervention sur la production, pétition, interpellation des parlementaires… En ce 26 novembre 2020, la crise sanitaire n’a d’ailleurs pas été un obstacle majeur à l’appel de l’intersyndicale : la mobilisation des personnels a été forte dans certaines entités du groupe Engie et à Edf, avec des taux de grévistes supérieurs à 35 %. Preuve, pour l’intersyndicale d’un « ancrage profond et durable du refus d’Hercule ».
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