Chronique européenne -  Vu d’Europe – Vers la transparence des salaires pour les cadres

Par Nayla Glaise, présidente d’Eurocadres

La transposition de l’une des directives les plus importantes de l’UE adoptées des dernières années a été centrale dans l’activité d’Eurocadres, aux côtés d’autres thèmes : la prévention des risques psychosociaux, la formation professionnelle et l’IA.

Édition 062 de [Sommaire]

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Alors que nous approchons de la fin d’année, le quartier européen de Bruxelles commence à se vider — et pas seulement en raison de la plénière de Strasbourg. Le mois dernier a été marqué par un accord politique trouvé entre le PPE, le S&D et Renew Europe pour mettre en place un nouveau collège de la Commission (avec un soutien historiquement faible). Depuis, nous n’avons pu observer qu’une faible activité, la plupart des commissaires se concentrant désormais sur le recrutement de personnel, l’aménagement de leur bureau et l’anticipation de leur travail… Sans programme précis.

Au Parlement, le plus grand point de discorde est de savoir qui dirigera les commissions nouvellement formées sur le logement, la santé et la défense, aucun accord n’ayant encore été conclu. Cela peut ressembler à une simple question de procédure, mais les commissions sont une étape cruciale du développement de la politique européenne. Ces trois portefeuilles étant désormais créés, nous pouvons nous attendre à ce que la législation ou les fonds soient adoptés par l’intermédiaire des députés membres de ces comités, quelle que soit la personne qui les dirige. Le logement est une priorité clé du groupe S&D, avec un commissaire à la tête de ce portefeuille, tandis que le « tsar » de la santé du Berlaymont est l’homme de Victor Orban, Premier ministre hongrois.

Malgré ce manque d’activité des institutions (une trêve de Noël peut-être ?), Eurocadres a poursuivi ses multiples activités, notamment la publication de deux nouveaux rapports — l’un sur les conditions de travail dans la recherche ; l’autre sur la transparence des salaires pour les cadres. Les deux sont disponibles dans leur intégralité sur notre site internet.

Campagne EndStress  : aller plus loin

Sur le plan politique ont été adoptées trois positions de longue haleine, sur les risques psychosociaux au travail, la formation professionnelle et l’IA.

L’élan politique pour une directive européenne sur les risques psychosociaux liés au travail a continué de croître au cours des dernières années. Malgré la pause politique au niveau européen, les syndicats et la société civile ont accentué leur pression en faveur d’une action à la hauteur de l’enjeu, à travers la campagne EndStress  : ce mois-ci, 50 organisations réunies eu sein de la plateforme se sont accordées sur une position commune. Ce document décrit le contexte, l’importance, les efforts existants pour freiner l’un des plus grands risques pour la santé des travailleurs européens et y apporter des solutions. Si ce document n’est pas totalement finalisé, il est destiné à se développer et s’enrichir à mesure des efforts que nous déploierons pour un texte protégeant les travailleurs.

Comme nous l’avons vu lors des auditions des commissaires et dans la formation des nouveaux portefeuilles, l’intelligence artificielle et la formation professionnelle vont être des sujets centraux au cours des cinq prochaines années. Avec l’adoption de nos positions sur ces deux thèmes, associée à notre travail de plaidoyer précédent, nous sommes dans une excellente position pour nous battre en faveur des travailleurs, dans toute l’Europe.

Et enfin, nous avons également lancé notre projet sur la mise en œuvre de la transparence salariale pour les cadres. Ce projet de deux ans, cofinancé par la Commission européenne, se concentrera sur la transposition de l’un des textes les plus importants de l’Union européenne de ces dernières années.

Le premier évènement de ce projet a eu lieu le 10 décembre dernier, via un webinaire en ligne axé sur la recherche universitaire et une table ronde. Barbara Helfferich de Gender5+ en a donné le coup d’envoi en détaillant l’ampleur du défi et a ​​présenté le rapport intitulé Implementing equality – delivering pay transparency for professionals and managers (mettre en œuvre l’égalité — assurer la transparence salariale pour les cadres), axé sur la situation observée dans sept États membres – la Belgique, l’Allemagne, la Finlande, la France, la Hongrie, l’Italie et l’Espagne.

La fin des inégalités  : un choix politique

Selon des données de l’OCDE, l’écart salarial entre les hommes et les femmes au sein des entreprises atteint 17  % dans les pays dépourvus de lois sur la transparence salariale, contre 14  % dans les pays qui ont adopté des mesures de transparence. La logique politique qui sous-tend la fin des inégalités salariales semble donc être un choix évident. Ce n’était pas le cas lors de la lutte pour la directive, et ce n’est pas la réalité actuelle à l’approche de la transposition. Notre table ronde « Victoires remportées et prochaines étapes » a porté sur ce cheminement et le contenu comme la mise en œuvre de la directive sur la transparence des rémunérations. Étaient présents  :

— Kira Marie Peter-Hansen, rapporteuse du dossier et eurodéputée écologiste.
— Lotta Savinko, responsable de l’égalité des sexes, de la santé et de la sécurité chez Akava, Finlande.
— Emmanuelle Lavignac, secrétaire nationale à l’égalité des sexes à l’Ugict-CGT, France.
— Paola Panzeri, secrétaire générale adjointe et responsable de l’égalité pour EPSU, le syndicat européen des services publics.

Un remerciement à tous les participants pour leurs excellentes contributions à cet évènement de lancement, dont l’enregistrement, le rapport et la présentation sont disponibles ici.

En remerciant tous ceux qui m’ont suivi en 2024, je vous souhaite ainsi qu’à vos proches de passer une belle et heureuse fin d’année. À très vite en 2025 !