Au Havre, le Volcan organise son festival Déviations

Du 12 au 30 mars, des spectacles neufs sont à l’affiche, dans le but affirmé de montrer des œuvres contemporaines réinventées au fil d’expérimentations diverses.

Édition 047 de mars 2024 [Sommaire]

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« Reconstitution : Le procès de Bobigny ». © Ph. Lebruman

Le Volcan est ce somptueux édifice conçu par le grand architecte brésilien Oscar Niemeyer (1907-2012) au cœur de la ville du Havre, reconstruite après la guerre sur les plans d’Auguste Perret. Inauguré en 1982, le Volcan, doté du statut de scène nationale, possède deux salles, l’une de 800 places, l’autre de 125.

Camille Barnaud, la directrice, présentant la première édition du festival Déviations, écrit ceci  : «  À l’heure où les enjeux environnementaux et économiques nous poussent à mieux produire, mieux diffuser, nous souhaitons aussi mieux partager, mieux écouter, mieux créer. Plutôt que de subir le contexte actuel, poursuit-elle, les artistes de Déviations cherchent, risquent, inventent et invitent, et c’est bien ce processus enthousiasmant que nous souhaitons partager.  »

«  Des artistes qui cherchent, risquent, inventent et invitent  »    

Cela commence avec Reconstitution  : Le procès de Bobigny, par la compagnie John Corporation (12 et 13 mars, grande salle). Il s’agit de revenir, d’après la conception et l’écriture de Maya Bocquet et d’Émilie Rousset (qui met en scène) sur un événement historique  : en 1972, à une époque où l’Ivg était encore prohibée, l’avocate Gisèle Halimi obtint la relaxe de la jeune Marie-Claire, qui avait dû avorter à la suite d’un viol.

Dans une forme immersive – le spectateur étant muni d’un casque – de nombreux interprètes incarnent les protagonistes de l’affaire, au milieu d’un dispositif raffiné de sons, lumières et vidéo. Ensuite, voilà Pink Machine (du 13 au 15 mars, au théâtre des Bains Douches) par la compagnie 1  % artistique, implantée à Hérouville-Saint-Clair. On en dit que Garance Bonotto, qui, met en scène «  organise une célébration joyeuse et expérimentale des icônes féminines de la culture pop  ».

Puis on a droit à Némésis (21 et 22 mars, grande salle), adaptation et mise en scène par Tiphaine Raffier (Cie La Femme coupée en deux) d’un roman de l’écrivain américain Philip Roth (1933-2018) à l’humour flamboyant. Qui est responsable de l’épidémie de poliomyélite  ? Dieu  ? les Italiens  ? Le vendeur de hot-dogs  ? …

«  Le travestissement comme vecteur de la révélation de soi  »  

Avec Dans ta peau, Julie Ménard (Cie La Fugitive) signe et met en scène un conte musical fantastique autour d’une femme qui, suite à la perte de son amour, s’enferme chez elle afin de composer de la musique. Comédiens et musiciens – dans un style glam rock – sont rassemblés pour «  raconter la solitude de la création, les questions de l’identité, de l’exposition au public et du travestissement comme vecteur de la révélation de soi  ».

Du 25 au 27 mars, les Bains Douches accueillent la toute jeune compagnie Studios, sur un texte de Shane Haddad et Juliette Fribourg, qui met en scène Le combat du siècle n’a pas eu lieu. Tandis que se déroule le match entre Djokovic et Nadal, une autre épreuve a lieu en coulisses, qui oppose un commentateurs et une commentatrice. Elle veut frayer son chemin dans un monde où on ne l’attend pas du tout. C’est drôle et ça mord.

Pink Machine, par la Cie 1 % artistique. © Arthur Crestani

«  L’histoire d’un ange abattu par l’ennui de l’éternité  »

Johanny Bert, le 26 mars, au théâtre Le Passage, à Fécamp (les spectateurs y seront emmenés en autocar), présentera Fucking Eternity, défini comme «  un oratorio lyrico-punk qui raconte l’histoire d’un ange abattu par l’ennui de l’éternité. Il part à la rencontre des hommes pour chanter les tribulations de l’existence  ».

Enfin, les 27 et 28 mars, la chorégraphe et plasticienne Gisèle Vienne, dans la grande salle du Volcan, offrira au public Extra Life, une pièce d’une esthétique fascinante, dans laquelle un frère et une sœur ont à revivre et à conjurer le traumatisme des viols subis dans leur enfance.

  • Le Volcan, 8, place Niemeyer, au Havre (Seine-Maritime)