Platines – L’audace bien accordée du quatuor Arod

Les quatre violoniste, violoncelliste et altiste ne se contentent pas d’interpréter Ravel et Debussy, ils promeuvent également un jeune compositeur talentueux, Benjamin Attahir.

Édition 041 de début décembre 2023 [Sommaire]

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Il n’y a pas assez de superlatifs pour qualifier la musique pratiquée par Jordan Victoria et Alexandre Wu aux violons, Jérémy Garbarg au violoncelle et Tanguy Parisot à l’alto. Bruno Monsaingeon, le documentariste qui a œuvré à faire connaître Glenn Gould, se dit frappé par « une telle force dramatique, un tel éventail de dynamiques, mélangés à une prodigieuse délicatesse du phrasé », comme si « quatre Oistrakh [du nom du violoniste russe, Ndlr] étaient à la manœuvre ».

Pour celles et ceux qui ne pourront pas faire le déplacement, il reste leur dernier disque. Un programme que l’on pourrait penser rebattu, Debussy-Ravel, souvent associés au disque. Mais l’Arod jette une autre lumière sur ces deux sommets impressionnistes, faite de subtilité, de gaieté et de charme comme dans le deuxième mouvement tout en pizzicati du quatuor en fa.

À ces deux partitions, le quatuor Arod a ajouté Al Asr, du Toulousain Benjamin Attahir, inspiré de la sourate 103 du Coran. Traitant les quatre instruments comme un seul, l’œuvre est passionnante, foisonnant d’éclats multiples, de couleurs crues et saturées sollicitant l’imaginaire, évoquant l’Orient, Chostakovitch (le 8e quatuor), et même, pourrait-on entendre, un choral luthérien et un kaddish.

Ulysse Long-Hun-Nam