Infographie -  Les services publics à l’encan : illustration en quatre graphiques

Le collectif Nos services publics a publié un rapport conséquent sur leur dégradation nette en quarante ans. Les données récoltées pointent le décalage grandissant entre leurs moyens et l’augmentation de la population française.

Édition 039 de mi-novembre 2023 [Sommaire]

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Quatre livrets thématiques, 160 pages, 100 experts associés à la production : le rapport publié par le collectif Nos service publics n’est pas seulement imposant. Il pose un diagnostic implacable sur les responsabilités de l’État dans son incapacité à accompagner les évolutions de la population.

À l’origine de ce rapport, les fonctionnaires qui constituent le collectif ont recueilli des données dans différents secteurs du service public. Ils font la démonstration d’une inadaptation croissante entre les besoins d’une population française en augmentation depuis des décennies et des services publics corsetés.

Parmi les points soulevés par le rapport : le démontage du mythe du « trop-plein de fonctionnaires ». Certes, le nombre global d’agent et d’agentes publics augmente, mais la part de fonctionnaires dans les emplois en France a diminué de près de 2 points en quinze ans. Le rapport relève par ailleurs la rémunération insuffisante des emplois publics, réévaluée d’environ 1 % depuis 2009, quand les salaires du secteur privé ont augmenté de 13,1 % en moyenne.

L’augmentation du nombre de fonctionnaires est elle-même très disparate, à l’image des priorités politiques. Les effectifs de sécurité sont ainsi mieux dotés entre 2010 et 2020, mais avec, là aussi, des situations contrastées. Même dans les secteurs où il y a eu des embauches – par exemple dans l’Éducation nationale entre 2012 et 2017 – elles n’ont pas suffi à «  compenser l’accumulation de lacunes structurelles  », selon les termes du rapport.

Les quatre livrets édités par le collectif se focalisent sur certains domaines comme la santé, l’éducation, les transports et la police/justice y sont ainsi scrutés plus précisément. C’est dans ces derniers que l’on trouve des données à la fois sur les effectifs de sécurité et sur les services publics qui « craquent ».

La justice est l’un des services publics les plus en difficulté. Elle est dans l’incapacité d’endiguer les inégalités qui s’accroissent, voire contribue à les renforcer. L’explosion des délais de jugement, quels que soient les niveaux de juridiction, témoigne de cette dégradation.

Pour ce qui est du secteur de la santé, le collectif traite à la fois de la pénurie de médecins généralistes, de l’hôpital public et des problématiques liées au vieillissement de la population, dont l’impact sur l’assurance maladie.

Avec des passages aux urgences qui ont augmenté de 20 % en 10 ans, c’est toute la chaîne de santé qui est défaillante, analyse le rapport : manque de moyens humains et contraintes financières génèrent mal-être des soignants et maltraitance des patients. Exonéré d’un certain nombre de contraintes, le privé lucratif s’en sort mieux, ce qui contribue à renforcer les déséquilibres et à mettre en péril l’hôpital public.

Plus globalement, le collectif fait la critique acerbe des stratégies de réduction des moyens et de libéralisation des politiques publiques, mises en œuvre depuis plusieurs décennies. Avec une dernière série de chiffres éclairants, il souligne l’affaiblissement généralisé de la Fonction publique. Exemple : depuis vingt-cinq ans, il y a quatre fois moins de candidats aux concours de la fonction publique d’État…