Retraites : d’autres choix sont possibles… avec une autre répartition des richesses
Pour la Cgt, le financement des retraites est un sujet central qui questionne la répartition des richesses entre le capital et le travail. Propositions.
Pour la Cgt, le financement des retraites est un sujet central qui questionne la répartition des richesses entre le capital et le travail. Propositions.
Certains appellent ça du « peaufinage ». Après avoir annoncé le report de l’âge légal d’ouverture des droits à retraite à 65 ans, c’est à nouveau au fil des jours qu’Emmanuel Macron a précisé le cadre de sa réforme. En particulier sur le rythme de ce report : quatre mois par an, un élément « du débat et de la concertation », si bien que la nouvelle borne d’âge s’appliquerait pleinement, en 2031, pour la génération née en 1969. Les carrières longues, qui peuvent aujourd’hui partir à 60 ans, devraient attendre 62 ans. S’il est élu, cette réforme ferait l’objet d’une « concertation » avec les partenaires sociaux, soumise au vote du Parlement à la fin de l’été. Il n’en démord pas : « Il faut travailler plus longtemps » !, au prétexte notamment d’un déséquilibre financier des régimes.
Ce que dément pourtant le rapport du Cor (Conseil d’orientation des retraites) publié en juin 2021 : l’application des réformes de 2003, puis de 2010, (ouverture des droits à 62 ans) enfin de 2014 (passage progressif de la durée de cotisation à quarante-deux annuités) va déjà limiter la part des dépenses de retraites à moins de 14 % du Pib. Ce taux, stable jusqu’en 2030, va même diminuer à l’horizon 2070 selon toutes les hypothèses retenues pour la productivité du travail, qui détermine l’évolution des salaires. Avec le fort rebond économique de 2021, le choc de la crise sanitaire a en outre déjà été en grande partie absorbé, contrairement à ce qu’affirme Emmanuel Macron. Si la guerre en Ukraine introduit un nouvel élément d’incertitude, personne, à ce jour, n’est capable d’en préciser l’impact.
Au nom du pouvoir d’achat, de nouveaux cadeaux aux entreprises
Du côté de Marine Le Pen, c’est en lisant ses propositions sur le pouvoir d’achat qu’il est possible de contextualiser ce qu’elle promet sur les retraites… En faisant de nouveaux cadeaux aux entreprises. Ainsi la candidate du Rassemblement national promet-elle une augmentation des salaires de 10 % (mesure 5)… Comment ? En« exonérant » les entreprises de « cotisations patronales » pour les salaires allant jusqu’à trois fois le Smic. Une mesure qui s’inscrit, soulignent les Économistes atterrés dans un décryptage des programmes de l’extrême droite, « dans la continuité des mesures néolibérales dites d’“allègement des charges” qui ont fleuri ces trente dernières années à un coût exorbitant pour les finances publiques ». Et pour la protection sociale.
Marine Le Pen a alors beau jeu de proposer la retraite à 60 ans, d’ailleurs au bout du compte réservée à ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans avec un premier emploi « significatif » – sans plus de précisions – et totalisent au moins 40 annuités… Aucun effort n’est demandé au capital. Mieux, avec le nouveau train d’exonérations, il serait à nouveau favorisé. Si « problème » de cotisations il y a, il est ailleurs : dans les régimes Agirc-Arrco pour ne citer qu’eux, les salariés ont, depuis 1990, assumé 60 % de l’effort de financement, contre 40 % pour la partie employeur. C’est l’exact inverse du partage de la cotisation. Si la logique avait été respectée, les employeurs, dont le désengagement avoisine désormais les 125 milliards d’euros depuis cette date, auraient contribué 1,5 fois plus que les salariés actifs et les retraités.
Propositions pour financer et conforter le système par répartition
Le débat sur les ressources, pour financer et conforter le système par répartition, est ainsi délibérément occulté. Pour la Cgt, le financement est au contraire un sujet central qui questionne la répartition des richesses entre le capital et le travail. Plusieurs propositions ont ainsi été portées au débat public, connectées à celles formulées plus globalement pour la Sécurité sociale, dont les retraites font partie. Dans ce cadre, elles sont bien un salaire socialisé – et non différé – et donc un élément de la rémunération globale du salarié correspondant à la rémunération de sa force de travail.
Parmi les propositions de la Cgt, outre la lutte contre le chômage et l’augmentation des salaires ou du point d’indice dans la Fonction publique : la mise à contribution du capital par un élargissement de l’assiette de cotisations ; l’augmentation de l’assiette des revenus soumis à cotisations (intéressement, participation…) ; le déplafonnement des cotisations pour les salaires au-dessus de 27 500 euros par mois ; l’instauration d’un « malus » sur les emplois précaires ; la réalisation de l’égalité salariale via la création d’une contribution temporaire patronale…
Pour financer les revendications de la Cgt, il faudrait dégager 4 points de Pib, a estimé le Conseil d’orientation des retraites. C’est donc significatif mais possible ; cela relève d’un choix de société. Au fond, il s’agit de trancher entre deux conceptions : ou bien absorber l’augmentation de l’espérance de vie – si elle se poursuit – par un allongement de la durée de vie au travail, ou bien faire de la retraite un âge de la vie où chacun peut bénéficier d’une période de repos et de loisirs, en relative bonne santé.
Christine Labbe
Les Rencontres d’Options
« Retraites, la bataille sociale » : c’est le thème des prochaines Rencontres d’Options, qui se dérouleront le 12 mai, à la Cgt, à Montreuil. Cette journée s’articulera autour de trois tables rondes : « les évolutions des âges légaux en Europe, leurs impacts sur le niveau des pensions et les équilibres financiers des régimes » ; « la capitalisation comme impasse sociale et financière » ; « le financement des retraites par réparation, pour quel âge de départ et quel niveau de pension ? » Ces rencontres seront l’occasion de découvrir le premier numéro d’Options comme trimestriel thématique de l’Ugict. Une édition consacrée, justement, aux retraites.
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