Après les trois mobilisations de janvier, les personnels continuent d’exiger un plan d’urgence qui soulage vraiment les équipes et anticipe les besoins.
Après les trois mobilisations de janvier, les personnels continuent d’exiger un plan d’urgence qui soulage vraiment les équipes et anticipe les besoins.
Peut beaucoup mieux faire ! Après une journée nationale d’action le 13 janvier dernier, inédite par son ampleur, les personnels de l’Éducation nationale se sont à nouveau mobilisés sous des formes multiples les 20 et 27 janvier (1).
Le contexte a ajouté de l’exaspération à la fatigue : Mediapart a révélé que leur ministre de tutelle, Jean-Michel Blanquer, était sur les plages d’Ibiza, dans les Baléares, quand il a validé (la veille au soir) le protocole sanitaire catastrophique de la rentrée scolaire de début janvier… Et le week-end suivant, après une semaine de chaos dans les établissements, il l’a passé à présider un colloque dénonçant le « wokisme ». Rappelé à ses responsabilités sous le contrôle du Premier ministre, présent pour assurer un dialogue social moins vertical, Jean-Michel Blanquer a enfin daigné entendre les difficultés des personnels.
Ainsi, le 13 janvier, il a promis la livraison au plus vite de 5 millions de masques FFP2, le renfort de 3 300 contractuels (en fait déjà inclus dans un vivier de 6 000 contractuels, mais dont les contrats seront prolongés) et, pour les écoles primaires, de quelques centaines de candidats aux concours de l’Éducation nationale sur listes complémentaires. Quelque 1 500 assistants d’éducation sont également censés étoffer les équipes de vie scolaire, sans qu’on sache exactement comment ils seront recrutés. En revanche, rien n’est prévu pour mieux équiper les locaux en capteurs de CO2 ou en autres matériels de protection, et seules les évaluations des Cp (cours préparatoire), prévues le 17 janvier, ont été reportées.
Pour les enseignants comme pour les élèves, des conditions de travail dégradées
Outre que les personnels ont bien du mal à vérifier sur le terrain la mise en œuvre de ces mesures, celles-ci sont unanimement jugées très insuffisantes à l’échelle nationale, ne serait-ce que pour pallier les absences de personnels malades et atténuer la désorganisation. Impossible aussi pour les enseignants présents d’accueillir les élèves dans de bonnes conditions et de retrouver un rythme de travail qui permette de répondre aux échéances prévues au printemps…
Impossible encore de s’assurer que les élèves porteurs du virus et confinés chez eux puissent suivre les cours ou les rattraper. Il n’est en fait pas certain que l’Éducation nationale dispose d’un vivier suffisant de personnes susceptibles de prendre en charge des classes, et encore moins des demi-groupes, ce que souhaiteraient les enseignants pour permettre aux élèves les plus en difficulté de ne pas décrocher. Par ailleurs, le nouveau protocole reste suspendu à la disponibilité des autotests et à la possibilité de gérer une distribution gratuite aux cas contact…
Si l’école « tient », ce n’est pas sans de graves dommages collatéraux
Une relative accalmie dans la circulation du virus et le fait que, désormais, un fort taux d’élèves et d’enseignants ont déjà contracté le virus pourraient être les facteurs déterminants pour que l’école « tienne », que les enseignants retrouvent leurs élèves et les élèves leurs établissements.
Les réponses du ministère jouent donc aussi sur un pari. La doctrine reste la même : les établissements – et les fenêtres – doivent rester ouverts, quitte à passer la journée en doudoune. Le ministre pourra toujours dire que l’école a tenu, les personnels ne cessent de lui signifier que ce n’est pas sans dégâts collatéraux, sur leur santé et leur fatigue, sur les familles et sur les apprentissages des élèves. Ils persistent à demander que les leçons de la pandémie soient tirées et qu’un plan d’urgence pour l’Éducation soit mis en œuvre, avec la formation et le recrutement massifs de personnels d’enseignement et d’encadrement. Cela implique aussi de revaloriser les métiers, par de la reconnaissance salariale et pas seulement par l’élévation du niveau de qualification requis. Pour l’heure, en guise de reconnaissance, le ministre s’est contenté de relever leur « engagement fort » et leur conscience professionnelle…
Valérie Géraud
Le 20, à l’appel des organisations Fsu, Cgt, Fo, Sud, Fcpe, Fidl, Mnl, La Voix lycéenne.
Report des examens, la mobilisation entendue
Le 28 janvier dans l’après-midi, Jean-Michel Blanquer a annoncé le report des épreuves de spécialités du bac, prévues en mars, au 11,12 et 13 mai, pour éviter les « ruptures d’égalité entre candidats selon les territoires ou les situations personnelles ». Autres décisions prenant acte de la dégradation des conditions d’études des élèves et de travail des enseignants : annulation des épreuves de langues vivantes en langues et aménagement de celles de sport pour les classes de terminale, diminution du nombre de textes à l’oral de français pour les premières. Et dans la voie professionnelle, diminution du nombre de semaines de formation en milieu professionnel pour valider son examen. V.G.
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