Après le 17 mars, augmenter les salaires pour faire face à la hausse du coût de la vie
Avec la guerre en Ukraine, l’inflation pourrait s’élever à 4,4% en 2022, selon la Banque de France. Un nouveau choc pour le pouvoir d’achat, première préoccupation des Français.
Avec la guerre en Ukraine, l’inflation pourrait s’élever à 4,4 % en 2022, selon la Banque de France. Un nouveau choc pour le pouvoir d’achat, première préoccupation des Français.
Le 17 mars dernier, à l’appel des organisations syndicales Cgt, Fsu, Solidaires et Unsa et de jeunesse Fidl, Mnl, Unef et Vl, (lire notre article : Avec les mobilisations du 8 et 17 mars, cinq revendications au cœur du social : un dossier d’Options), l’exigence « d’une augmentation des salaires et des pensions pour tous et toutes » a réuni 80 000 personnes, au travers de quelque 160 rassemblements et manifestations intersyndicaux interprofessionnels. Dans la manifestation parisienne, rencontre avec Laurent Richet, délégué syndical central Cgt de Nokia Nozay. Il explique les raisons de la mobilisation, en interrogeant notamment la place des ingénieurs, cadres et techniciens.
Les effets à court terme de la guerre en Ukraine
Les revendications salariales se posent avec d’autant plus d’acuité qu’avec la guerre en Ukraine, l’augmentation des prix du gaz, du pétrole ou des matières premières, va inévitablement réduire le pouvoir d’achat des ménages. Particulièrement exposés à la hausse des prix, en particulier de l’énergie, les plus pauvres d’entre eux, met en évidence l’économiste Xavier Ragot dans une étude sur les effets à court terme de la guerre sur l’économie : alors que, selon l’Insee, l’électricité, le gaz et autres combustibles, mais aussi les carburants pour le transport représentent 10 % de la dépense de consommation des ménages du 1er décile, ils en représentent moins de 7 % pour les ménages à l’autre bout de l’échelle des niveaux de vie.
Ce nouveau choc interviendra après celui déjà observé en 2021 -une « surprise » pour beaucoup, reconnaissent les économistes – porté déjà en grande partie par l’essor de la facture énergétique. Dans une récente étude, l’Ofce (Office français de conjoncture économique), évalue les pertes de pouvoir d’achat entre 0,5 % et 0,8 %. Comme toujours, la fourchette retenue masque des situations contrastées selon les ménages. Mais 60 % d’entre eux, montre-t-elle, ont effectivement été affectés par le surplus d’inflation enregistré l’année dernière. Un autre tiers aurait trouvé une forme de compensation avec l’indemnité inflation et le renforcement du chèque énergie.
Revalorisation du point d’indice dans la Fonction publique : maintenant !
Soutenir le pouvoir d’achat, comme cela a été essentiellement le cas dans le quinquennat qui s’achève, par les seules mesures socio-fiscales et la baisse des cotisations n’est ni souhaitable ni durable. Parce que cela se traduit notamment par une baisse du salaire socialisé, c’est en réalité une baisse du salaire tout court qui, d’une manière ou d’une autre, aura un coût en impactant le niveau des prestations sociales. Alors que, selon la Banque de France, l’inflation pourrait s’élever jusqu’à 4,4 % cette année, la question des salaires est centrale : « Ce sont les mêmes qui ne voient ni les salaires, ni les pensions, ni les minimas sociaux augmenter, alors que ce sont bien les travailleurs et les travailleuses qui créent les richesses », dénonce ainsi la Cgt qui dans une pétition demande : l’augmentation du Smic à 2000 euros bruts, l’indexation automatique des minimas de branche sur le Smic, la baisse de la Tva à 5,5 % ou le retour d’un véritable impôt sur la fortune.
D’une certaine manière, le gouvernement le reconnaît en annonçant opportunément un mois à peine avant le premier tour de l’élection présidentielle, une revalorisation du point d’indice dans la fonction publique « avant l’été », point en décrochage, depuis 2000, de plus de 20 % par rapport à l’inflation. Élue Cgt, en région parisienne, au Cte (Comité technique d’établissement) Supra Gh (Groupement hospitalier) Nord, Claire Colom, soignante, a manifesté, le 17 mars dernier, pour des hausses de salaires et la défense de l’hôpital.
Seul un dégel du point d’indice peut permettre une augmentation générale du salaire des fonctionnaires. « (le gouvernement) désavoue ainsi sa propre doctrine affirmée depuis cinq ans contre toute logique et contre l’avis de toutes les organisations syndicales. (Il) reconnaît aussi que, s’agissant de la prise en compte de l’inflation, c’est bien l’évolution de la valeur du point d’indice qui est l’outil irremplaçable pour le pouvoir d’achat des agents et agentes », souligne la Cgt Fonction publique. Mais puisqu’il doit y avoir augmentation, c’est maintenant qu’il faut la mettre en œuvre, insiste-t-elle en substance, « avec l’ouverture d’une négociation immédiate pour des mesures générales et urgentes ».
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