Infographie -  Trente ans d’auscultation du travail en France

En 2023, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail a eu 30 ans. L’occasion, pour elle, de revenir sur les grandes tendances qui ont transformé le travail en France depuis les décennies 1980 et 1990. Illustration en quatre graphiques.

Édition 045 de début février 2024 [Sommaire]

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Le poids croissant des contraintes sur les salariés

Parmi les questionnaires que la Dares a élaborés, certains abordent les contraintes exercées sur les salariés. Globalement, tous les indicateurs sont augmentation depuis le milieu des années 1980 : accroissement du contrôle, renforcé par le développement des outils numériques ; pression accru de la hiérarchie… En tête des contraintes : la nécessité d’abandonner une tâche pour une autre non prévue, en progression de presque 20 points en quatre décennies.

Passer outre l’état de santé

La période étudiée est aussi marquée par l’essor des risques psychosociaux, auxquels il faut associer la progression, ces dernières années, des arrêts maladie. Mais la Dares met en évidence une augmentation de la proportion de salariés venant quand travailler malgré leur maladie ; cette tendance est d’autant plus marquée que les arrêts de travail sont nombreux. En 2016, les salariés étaient presque 20 % à déclarer être venus plus de 10 fois au travail en dépit de leur état de santé, contre 16,1 % en 2005.

Persistante crise du sens

La perte de sens au travail est un marqueur de la période. Les enquêtes de la Dares soulignent les conflits de valeurs ressentis par les salariés qui déplorent le renoncement à la qualité, le sentiment d’inutilité, ou l’impact environnemental négatif de leur travail (depuis 2019). À travers ces enquêtes, les salariés ont indiqué si, dans l’exercice du travail, ils prennent des risques pour leur santé mentale ou celle des autres, désapprouvent ce qu’ils font, ou doivent sacrifier la qualité de leur travail : c’est le cas pour un majorité de salariés en 2016 (56,3 %) comme en 2019 (55,2 %).

La France à l’arrière-garde

En collaboration avec Eurofound, l’Agence européenne pour l’amélioration des conditions de travail, la Dares travaille aussi à l’échelon continental. Pour avoir une vision plus large de la manière dont le travail se vit dans l’Union européenne, les pays membres transmettent des données qui permettent d’élaborer un index sur la «  soutenabilité du travail » à partir d’un certain nombre de facteurs : santé et bien-être, engagement, niveaux de confiance, de coopération et de revenus, équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle… Cette comparaison européenne est sévère pour la France qui, avec la Pologne et la Slovaquie, se classe dans le top 3 des pays où le travail est le moins «  soutenable ».