À Marseille, le Mucem revisite Alexandrie, d’hier à aujourd’hui

La mythique ville d’Égypte, fondée par Alexandre le Grand, conquise des siècles plus tard par Bonaparte, alternant grandeur et décadence, est explorée face à la mer, jusque dans ses « futurs antérieurs ».

Édition 027 de mi-mars 2023 [Sommaire]

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Tétradrachme « dynastique » de souverains divinisés, en or. Avers : bustes de Ptolémée II et d’Arsinoé II. Revers : bustes de Ptolémée 1er et de Bérénice 1re (IIIe siècle avant Jésus-Christ). © Morlanwelz / Musée royal de Marlemont

Le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), inauguré le 7 juin 2013 dans sa désormais célèbre résille de béton, magnifiquement ouvert sur le large par l’architecte Rudy Ricciotti, se consacre en ce moment à l’histoire et au présent de la cité égyptienne. Les organisateurs de l’exposition «  Alexandrie  : futurs antérieurs  » tiennent à dire que cela s’effectue «  loin des mythes et des stéréotypes qui lui sont traditionnellement associés  ». En conjuguant deux approches – la recherche archéologique et l’art contemporain –, cette manifestation ambitionne de considérer Alexandrie sous un angle inédit.

Une sélection de quelque 200 œuvres et objets, issus d’importantes collections européennes, met en lumière le patrimoine et l’héritage de la ville portuaire bâtie à l’extrémité nord-ouest du delta du Nil. S’il ne reste pratiquement rien de la cité antique, l’exposition aborde son organisation urbanistique, politique et religieuse, et la vie quotidienne de ses habitants successifs, sans omettre le rayonnement philosophique et scientifique de ce haut-lieu des civilisations du monde antique.

La fine fleur des savants et des lettrés du monde grec

Il est loin le temps de la fondation par Alexandre le Grand, en 331 avant Jésus-Christ, de la ville aux chefs-d’œuvre architecturaux dont ne reste plus que le souvenir. On sait que la bibliothèque d’Alexandrie, riche de 700 000 volumes, disparut dans un incendie monstre et que la fine fleur des savants et lettrés du monde grec (Euclide et Archimède, entre autres), hanta ces lieux, qui connurent les déchirements des derniers Lagides, dynastie de pharaons helléniques où se joua le drame fameux entre Cléopâtre, César, Marc-Antoine, etc. Plus tard, l’Église d’Alexandrie fut une protagoniste des querelles théologiques du christianisme naissant…

Ash Çavusoglu, Gordian Knot (2013), céramique.
© Hadiye Cangökçe, courtesy Isabella et Memet Içoz.

Occupée par les Perses en 616, par les Arabes en 642 et par les Turcs en 1517, Alexandrie fut investie par Bonaparte en 1798. En 1882, elle était bombardée par les Anglais. En 1942, elle fut menacée par l’offensive de Rommel, arrêtée à 100 kilomètres de là, à El Alamein…

Il est quasi impossible d’avoir une idée précise de ce que fut la ville antique. Au IVe siècle de notre ère, un tsunami a ravagé les côtes et le centre-ville. Pour faire «  revivre  » Alexandrie, on a donc eu recours à des sources indirectes, depuis les récits d’auteurs anciens jusqu’à des pièces de monnaie, tandis que des aquarelles du peintre Jean-Claude Golvin évoquent ce qu’elle a pu être.

Seize artistes contemporains présentés viennent d’Égypte, du Liban, de Turquie, de Palestine et des États-Unis, avec des œuvres conçues et réalisées entre 1987 et 2022. Trois d’entre elles, de Wael Shawky, Jasmina Metwaly et Mona Marzouk, ont été spécialement commandées pour l’exposition. «  Chacune des œuvres sélectionnées, nous est-il dit, cherche à défier, explorer, intensifier, diminuer ou nier les évidences et les attentes.  »

  • Jusqu’au 8 mai, au Mucem, J4, niveau 2.