L'Édito -  49.3 : ils sont une poignée, nous sommes des millions !
par Sophie Binet, secrétaire générale de l’Ugict-Cgt

Le pouvoir a été acculé à dégainer le 49-3 pour faire adopter sa réforme des retraites. Notre mobilisation exceptionnelle a fait capoter l’accord avec la droite et les diverses tentatives de marchandage et de pression sur les députés. Cette réforme n’a donc aucune légitimité.

Édition 027 de mi-mars 2023 [Sommaire]

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© Nicolas Marquès

En décidant de passer en force, Emmanuel Macron ajoute à la crise sociale une crise démocratique et politique. Élisabeth Borne aura à affronter une motion de censure à hauts risques alors que 71  % des Français·es souhaitent la démission du gouvernement. La colère suscitée par le 49.3 est à la mesure de la violence de la réforme. Énorme. Et c’est ce qui nous permettra de gagner son retrait, à l’image de celui du CPE, arraché un mois après son adoption par 49.3 et dix jours après sa promulgation. Notre réponse doit être à la hauteur.

Grâce à des journées d’actions historiques, battant le record de toutes les mobilisations depuis 1945, grâce aux grèves reconductibles notamment dans l’énergie, les déchets, les transports, l’industrie du verre, les ports… la pression monte. Mais la répression aussi avec des réquisitions et des poursuites judiciaires inacceptables contre des militant·es, notamment dans l’énergie. Il faut donc étendre au plus vite et amplifier dans les secteurs déjà mobilisés. Soutenir ces secteurs ou bloquer de l’extérieur contribue bien sûr à l’action, mais cela ne doit pas nous dévier de notre responsabilité première.

Notre responsabilité est d’abord de mobiliser nos collègues, de nous déployer en direction des cadres, des professions intermédiaires et techniciennes. Nous pouvons encore élargir et faire entrer de nouveaux et nouvelles salarié.es dans l’action. Multiplions les tournées, les assemblées générales en présentiel ou en visio pour décider de la grève et de sa reconduction avec, en point d’orgue, la journée de grèves et de manifestations du 23 mars appelée par l’intersyndicale. Elle doit être un véritable raz-de-marée.

La grève pénalise déjà fortement l’économie. D’après le patronat, chaque journée d’action coûte 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Les 15 jours de grève de l’énergie ont déjà coûté au patronat 800 millions d’euros et la pression monte sur les stocks de gaz  ; on pourrait multiplier les exemples. Cadres comme professions techniciennes et intermédiaires, notre mobilisation pèse lourd. Lorsque nous nous affichons comme grévistes, cela a un effet d’entrainement très fort vis-à-vis des autres salarié·e·s. Nous occupons des positions stratégiques, avons accès à des informations sensibles et sommes les premiers relais des directions. Lorsque nous sommes en grève, le «  roi est nu  » et les directions ont peur  !

Alors allons-y  ! Réunissons-nous avec nos collègues pour décider de la grève sous les modalités les plus adaptées. Dans certaines entreprises, cadres et ingénieur·es ont par exemple décidé d’une heure de grève par jour, de grèves de mails, de bloquer la remontée d’informations stratégiques, d’appliquer strictement les procédures de sécurité pour ralentir la production…

Dans le prolongement des rassemblements organisés dans toute la France ce 16 mars en réaction au 49.3, des initiatives vont être organisées partout ce week-end pour permettre une mobilisation citoyenne complémentaire aux grèves. En réaction au scandale démocratique représenté par l’usage de ce 49.3, permettons aux jeunes privés d’AG par les fermetures de facs, aux travailleuses et travailleurs précaires, de petites entreprises… de se retrouver pour débattre et construire des initiatives d’action  !

Occupons les places, par exemple devant les préfectures et sous-préfectures pour ouvrir un printemps démocratique et social. Mais soyons plus que jamais vigilants à la montée de l’extrême droite qui attend, tapie dans l’ombre, pour tenter de récupérer la colère. Dénonçons l’imposture du Rassemblement national qui s’est systématiquement opposé à toute augmentation des salaires et des cotisations et prétend financer nos retraites par sa politique xénophobe de préférence nationale.

Ils sont une poignée, nous sommes des millions  ! Nous n’avons jamais été si proches de la victoire, alors amplifions la mobilisation !