En novembre 2023, notre assemblée générale s’est tenue à Porto, au Portugal. Les membres ont participé en ligne et en personne à l’adoption d’un certain nombre de documents, à la célébration de notre 30e anniversaire et à l’examen des questions clés qui affecteront les cadres et techniciens dans les semaines, les mois et les années à venir. Nous avons été rejoints par un certain nombre d’invités, dont la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (Ces), Esther Lynch, et le secrétaire général adjoint, Claes-Mikael Ståhl, la présidente de l’Ugt-Portugal, Lucinda Dâmaso, et les anciens présidents d’Eurocadres Michel Rousselot et Martin Jefflén.
Plus de 50 de nos membres, issus de plusieurs États membres, ont contribué à plusieurs discussions cruciales. À commencer par la présentation et l’adoption de notre document de synthèse des actions menées en 2023, les 24 pages de notre rapport annuel étant disponibles ici. À l’ordre du jour également, l’adoption de nos résolutions (disponibles ici) : quatre au total, couvrant notre appel à un cessez-le-feu au Moyen-Orient, la nécessité d’une législation sur l’intelligence artificielle (IA) au travail, les élections européennes et la lutte contre l’austérité. Enfin, nous avons adopté la toute première prise de position d’Eurocadres sur le climat qui regroupe, en un document unique, un certain nombre de contributions aux dossiers européens et nationaux. Ce document de neuf pages est à la fois le point de départ et la continuité de notre travail dans ce domaine. Il sera sans aucun doute complété au fil de la bataille pour des politiques d’atténuation du changement climatique. Ces résultats sont le fruit d’un travail approfondi et excellent entre les membres.
Eurocadres a 30 ans : de nouveaux défis à relever
L’année 2023 marque donc le 30e anniversaire d’Eurocadres. Cela a été l’occasion, avec notamment d’anciens présidents de notre organisation, de réfléchir à la raison d’être initiale de notre organisation, à son évolution mais aussi à l’émergence ou à la récurrence d’un certain nombre de questions conflictuelles. Ces réflexions sur trente ans d’action ont alimenté une discussion plus large sur la direction que nous devons prendre. Alors que la justification d’Eurocadres reste claire et a été réaffirmée par les dirigeants de la Ces, les anciens présidents et les membres, nous avons connu un niveau de croissance significatif, qui devrait encore s’accélérer dans les années à venir. Bien qu’il s’agisse d’un élément positif dans la lutte pour faire entendre la voix des cadres et techniciens, cette évolution présente également des défis en matière d’organisation et de ciblage des domaines d’action politique.
Comme je l’ai indiqué dans le discours d’ouverture, « il est important de célébrer ce que nous avons accompli jusqu’à présent, mais le plus important sera de discuter de la manière dont Eurocadres peut continuer à croître et à évoluer dans un paysage politique et syndical en mutation. De la négociation du dialogue social aux campagnes publiques pour les droits des travailleurs, notre objectif sera de moderniser continuellement nos activités, d’élargir notre réseau de membres et d’organisations similaires et de garantir que, d’ici 2025, nous soyons une force mieux établie dans l’élaboration des politiques européennes ». Nous organiserons une série de discussions avec nos membres sur la voie à suivre et les actions nécessaires pour répondre à l’augmentation du nombre de cadres. Un résumé complet de notre assemblée générale est disponible ici.
Vers une conférence nationale sur la flexibilité au travail
Porto a également accueilli le dernier atelier de notre projet « Flexibilité au travail », intitulé « Un leadership responsable pour des lieux de travail flexibles et sains ». Les participants à l’atelier ont eux-mêmes transposé les exemples théoriques et pratiques dans leur propre contexte afin de se concentrer sur l’identification des problèmes clés et des solutions pour y remédier. L’atelier interactif a été dirigé par Nina Hedegaard, qui a rassemblé différentes solutions pouvant être utilisées pour élaborer des réglementations, des conventions collectives et d’autres mesures visant à résoudre les problèmes liés au travail flexible.
L’accent a été mis sur la gestion des conditions et des modalités de travail flexible, et sur la manière dont les syndicats peuvent les traiter. Un compte rendu complet de l’atelier sera bientôt disponible sur notre site web, avant la conférence finale de l’année prochaine qui conclura ce projet financé par la Commission européenne.
IA : une dangereuse proposition de compromis
Outre ces événements, les efforts visant à réglementer efficacement les systèmes d’IA ont connu des développements majeurs ce mois-ci, la présidence espagnole ayant proposé deux compromis majeurs à la loi sur l’IA, qui affaibliraient tous deux considérablement la protection du lieu de travail.
Premièrement, la proposition vise à éloigner des lieux de travail l’évaluation de l’impact sur les droits fondamentaux, de sorte que l’évaluation de l’impact ne serait nécessaire que pour les développeurs de systèmes d’IA.
Deuxièmement, la proposition vise à réduire la participation des syndicats à l’adoption de systèmes d’IA, en passant d’un processus de consultation à une simple information sur leur mise en œuvre.
Eurocadres a écrit à la présidence espagnole pour demander le retrait de ces propositions d’amendement. En tant que partenaire social reconnu et représentant de plus de 6 millions de cadres européens, nous considérons que l’impact de ces amendements serait extrêmement néfaste pour les travailleurs et leur environnement. Les cadres et techniciens, souvent ceux qui comprennent le mieux la mise en œuvre des systèmes d’intelligence artificielle, ont besoin d’être soutenus par une législation solide pour accomplir correctement leurs tâches professionnelles.