Revue de presse -
Carnet de note(s) : douche froide pour le gouvernement
Après la dégradation de la note de la France par Standard & Poor’s, le gouvernement s’est entêté à vouloir mettre en œuvre la réforme de l’assurance chômage. Au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale, les syndicats Cgt, Cfdt, Fsu, Unsa et Solidaires demandent son retrait.
La réforme annoncée de l’assurance chômage et ses 3,6 milliards d’euros d’économies n’y auront rien changé : le vendredi 31 mai, l’agence de notation américaine Standard & Poor’s a dégradé la note financière de la France de AA à AA-. Mediapart, pour qui l’exécutif est ainsi « ridiculisé », est cinglant. Mathias Tépot argumente : « Force est de constater que sa politique de l’offre, qui a consisté à distribuer des dizaines de milliards d’euros de baisses d’impôts aux entreprises et aux ménages les plus aisés, tout en menant de front des réformes structurelles (retraite, chômage, marché du travail), ne produit pas les résultats économiques escomptés. Sinon S&P aurai suivi le gouvernement sur ses prévisions de croissance sur les prochaines années. »
En matière d’humour politique, Bruno Le Maire a tué le match
Si les éditorialistes s’accordent pour affirmer que cette dégradation n’aura que très peu d’impact financier, elle « fait mal »,titre toutefois La Tribune. « Il n’y aura pas de rigueur, il n’y aura pas d’austérité », répète pourtant le ministre de l’Économie, en excluant à nouveau toute hausse d’impôt en 2025. Mieux, dans une opération déminage au Parisien, Bruno Le Maire, affirme avoir « sauvé l’économie ».Dans Libération, Jean-Christophe Féraud est hilare : « Arrêtez tout ! À six mois de la remise du prix de l’humour politique, Bruno Le Maire a tué le match. Vous savez quoi ? Si la note souveraine de la France a été dégradée d’un cran […], “si aujourd’hui nous avons un niveau de dette élevée, c’est pourquoi ? C’est parce que j’ai sauvé l’économie française” », relaie le journaliste de Libération en citant les propos du patron de Bercy sur BFM TV.
Avec cette malheureuse tentative d’explication, « Bruno Le Maire se fourvoie », assure Christian Chavagneux dans Alternatives économiques. Certes, le financement des crises (Covid-19, guerre en Ukraine…) a effectivement sa part dans le creusement de la dette. Mais, prévient l’éditorialiste, « il n’y a pas de secret quant à l’autre explication principale de la dégradation de nos comptes publics : depuis leur arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron et Bruno Le Maire ont jeté environ 60 milliards de recettes fiscales par la fenêtre ». Il fulmine : « En se refusant, par pure idéologie poujadiste, à toute hausse d’impôt, ce gouvernement nous envoie dans le mur. Le pire, c’est qu’il le revendique ! » En promettant des jours difficiles.
« Automne du travail » : fonds de pension et assureurs en embuscade
Dans un entretien à La Tribune Dimanche, Gabriel Attal plante le décor en décrivant les contours d’un « automne du travail », supposé nous mener tout droit sur la route du plein emploi. « Tout pour l’emploi ! » se félicite ainsi Le Figaro. D’autant que la décision de l’agence américaine arrive à point nommé pour servir, voire accélérer cette politique érigée en obsession : « La note dégradée de la France fait souffler le vent de l’austérité », prévient L’Humanité. Dans Mediapart, Mathias Tépot abonde : « il faut partir du principe que les fonds de pension, assureurs et autres banques qui prêtent à la France ne vont pas se priver pour faire pression sur Bercy pour imposer plus d’austérité. In fine, en contrepartie d’un accès facile aux marchés financiers, c’est un rôle limité de la puissance publique et la destruction du modèle social qui seront à nouveau demandés ».
La réforme de l’assurance chômage ? une « boucherie pour les seniors »
Raccourcissement de la durée d’indemnisation, nouveau durcissement des règles en cas d’amélioration du marché du travail : c’est une « boucherie pour les seniors », lance Basta !, le gouvernement leur imposant une double peine. Plus nuancé, l’éditorial du Monde parle d’une réforme « au goût amer », mais n’en est pas moins critique : « La rhétorique du gouvernement consiste à convaincre que, pour préserver notre modèle social, il est indispensable de s’attaquer à sa générosité », en ignorant le coût social que cela suppose. S’il accélère ainsi sur la route du plein-emploi, c’est « au risque de confondre vitesse et précipitation ». Sans jamais douter et en évitant de jeter un œil dans le rétroviseur. Droit dans mur ?
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