Platines – À l’opéra, Toto remis en selle

En février 2022, Philippe Boesmans disait au sujet de On purge bébé  : «  C’est peut-être mon dernier opéra, et je voulais terminer par une pièce comique. […] Finir par la légèreté totale, l’insouciance totale, et la méchanceté aussi. » Au mois d’avril suivant, le compositeur belge décédait à l’âge de 85 ans. La scène contemporaine perdait l’un des personnalités les plus atypiques, tournée vers l’humour… et les joints.

Adapté de la pièce de Feydeau, On purge bébé emprunte une voie assez freudienne. Coincé entre ses parents, les Follavoine, qui se disputent sur la vente à l’armée française de pots de chambre en porcelaine qui pourraient faire leur fortune, Toto, 7 ans, n’a pas «  fait  » depuis le réveil, ce qui angoisse sa mère. L’arrivée de Chouilloux, représentant de la grande muette, va transformer une banale scène de famille en drame de la constipation et du mauvais goût (petit-bourgeois).

Menée sur un rythme enlevé, le dernier opus de Boesmans s’appuie sur les ingrédients spécifiques à sa musique  : la consonance, les éléments mélodiques, la fluidité des phrases, et par-dessus tout la fantaisie et l’irrévérence.

Enregistré au Théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, en décembre 2022, et emmené par un excellent quatuor – Jodie Devos, Jean-Sébastien Bon, Denzil Delaere et Tibor Ockenfels –, On purge Bébé est un savoureux moment d’opéra, à voir aussi en replay jusqu’au 17 octobre sur Arte.tv.

Ulysse Long-Hun-Nam

• Orchestre symphonique de la Monnaie, Bassem Akiki (dir.), Philippe Boesmans, «  On purge bébé  », 1 CD Fuga Libera, 18 euros.