L'Édito -  Il n’y a pas de conquêtes sociales sans libertés syndicales

La longue liste des militant·es de la CGT convoqué·es pour être sanctionné·es n’en finit pas de s’allonger. C’est la réponse répressive du gouvernement à six mois de luttes acharnées contre la réforme des retraites.

Par Olivier Dupuis, secrétaire national de l’Ugict-CGT

Édition 035 de mi septembre 2023 [Sommaire]

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Ce puissant mouvement a été déjà victime d’un déni de démocratie au parlement, de brutalités policières dans les rues, d’arrestations arbitraires, et maintenant subit ce volet répressif alimenté par la multiplication de sanctions disciplinaires et judiciaires qui s’abattent sur les militant·es syndicaux et les salarié·es ayant participé au mouvement de contestation. 
Une telle dégradation des libertés syndicales est inédite dans notre pays. À tel point que la France a été sérieusement pointée du doigt par la CSI (Confédération syndicale internationale) dans son rapport 2023 sur l’état des droits syndicaux dans le monde. 

De plus en plus de cadres et techniciens n’échappent pas aux sanctions. L’implication de nombreux jeunes syndiqué·es durant ces six mois de luttes font que certain·es  ont été intimidé·es durant ce mouvement, sanctionné·es, voir  licencié·es.

En première ligne dans la bataille sociale, les militant·es de la FNME-CGT (Fédération Cgt des Mines et de l’Énergie) sont désormais particulièrement ciblés par la répression syndicale, avec plus de 400 militant·es concerné·es. Le cas le plus symbolique est celui de son secrétaire général, Sébastien Ménesplier qui a été auditionné à la gendarmerie de Montmorency pour une action de grève revendiquée par la fédération, lors du mouvement contre la réforme des retraites.

Mais les salarié·es des IEG (Industries électriques et gazières) ne sont pas les seuls à être dans le viseur. Les convocations judiciaires se multiplient. Les commissions de disciplines dans les entreprises tournent à plein et les sanctions sont lourdes. Tout est bon pour museler le mouvement social. Le droit des salarié·es à s’organiser et à se défendre est attaqué frontalement. En répondant aux crises sociales et démocratiques par l’autoritarisme, le gouvernement sape encore un peu plus la démocratie sociale. Il cherche à nous intimider et à nous pousser de force à rentrer dans le rang.

Dans les entreprises, à la non prise en compte des revendications des syndicats s’ajoutent l’absence de discussions ou d’échanges dans les Institutions représentatives du personnel, allant parfois jusqu’à l’entrave à leur fonctionnement. Nous constatons que les employeurs souhaitent eux aussi appliquer un pouvoir vertical sur nos lieux de travail. Or, un employeur ne peut pas empêcher un·e salarié·e de participer à un mouvement de grève. Les salarié·es ont le droit à une expression directe et collective sur les conditions d’exercice et l’organisation de leur travail. 

Aucun citoyen attaché aux valeurs de la République ne peut accepter la criminalisation de l’activité syndicale. Ce sont les fondements mêmes de notre démocratie qui sont atteints lorsque les libertés syndicales sont attaquées avec une telle violence. Pour l’Ugict-CGT, il n’y a pas de conquêtes sociales sans libertés syndicales. Porter atteinte à un·e militant·e syndical·e, c’est porter atteinte aux libertés fondamentales et donc à la démocratie au travail.

La lutte contre la criminalisation de l’action syndicale s’inscrit dans la démarche plus large de lutte contre toutes les formes de l’autoritarisme du gouvernement et du patronat.  Notre organisation syndicale appelle, comme une cinquantaine d’autres organisations associatives, politiques et syndicales, à manifester le 23 septembre 2023 pour la fin du racisme systémique, des violences policières, pour la justice sociale et les libertés publiques et syndicales. C’est pour toutes ces raisons qu’en tant que syndicalistes, nous y serons présent·es.