8 mars, jour de grève féministe pour l’égalité

Pour l’égalité salariale et des moyens pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles : deux revendications au cœur de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

Édition 004 de fin février 2022 [Sommaire]

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Manifestations, grèves, arrêts de travail à 15 h 40… La mobilisation s’organise sous de multiples formes. © MAXPPP
Pour l’égalité salariale et des moyens pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles : deux revendications au cœur de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

« Nous sommes debout, nous voulons décider de nos vies. Nous voulons l’égalité  ». À l’approche du 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, c’est un appel à la grève féministe qui est lancé par un collectif de syndicats et d’associations, dont la Cgt et ses organisations ENSEMBLE, EN GRÈVE FÉMINISTE LE 8 MARS ! – Gagner l’égalité professionnelle (cgt.fr). Sous de multiples formes, dans le cadre de l’appel national déposé par la Cgt, Fsu et Solidaires, comme l’illustre la cartographie des mobilisations*  :  grève d’une journée ou de quelques heures, manifestations, arrêt du travail à 15 h 40, heure symbolique à laquelle les femmes cessent d’être payées par rapport à la rémunération des hommes. Pour celles qui télétravaillent, il peut s’agir d’adopter un fond d’écran violet ou de se déconnecter, toujours à partir de 15 h 40. À Paris, une manifestation partira à 12 heures de Port-Royal pour se diriger vers la place de la République.

«  Nous ferons la grève partout dans le monde pour […] exiger l’égalité salariale et professionnelle  », pose ainsi l’appel à la grève. Le travail, en effet «  reste un élément central de l’émancipation des femmes  », souligne Sophie Binet, secrétaire générale de l’Ugict-Cgt et pilote du collectif confédéral Cgt Femmes-mixité dans un contexte où, en outre, la crise sanitaire a exacerbé les inégalités. En matière salariale, la situation reste inacceptable. Selon des données publiées par l’Agirc-Arrco, l’inégalité salariale entre les hommes et les femmes a certes diminué de 3,2 %. Mais en onze ans  ! Cette légère diminution est notamment liée à l’évolution du taux d’encadrement des femmes, en progression de 4,1 points entre 2008 et 2019. Mais celles-ci ont toujours plus de difficultés à accéder aux postes les plus rémunérateurs.

Au rythme actuel, l’égalité salariale serait réalisée… en 2079  !

Certains secteurs sont plus concernés que d’autres par ce phénomène. Ainsi en est-il de celui des activités financières et des assurances  : bien que les femmes y soient majoritaires (62 %), leur salaire reste inférieur de 37,7 % à celui des hommes. C’est le secteur qui connaît l’écart le plus important, devant celui des spécialités scientifiques et techniques. Une étude menée par l’association Financielles sur les masters  l’a mis en évidence : 44 % des femmes estiment que le secteur de la banque, de la finance et de l’assurance est le plus inégalitaire. Dans son appel à la grève, la Fédération Cgt des banques et des assurances rappelle qu’une première action de groupe « égalité professionnelle  » dans le secteur privé est menée par le syndicat Cgt de la caisse d’épargne Île-de-France. Au total, il faudra encore, à ce rythme, encore soixante années pour annuler l’écart de rémunération  : l’égalité salariale serait donc atteinte en… 2079.

Une ratification a minima de la convention de l’Organisation internationale du travail

«  Nous ferons la grève partout dans le monde pour […] exiger des moyens pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles  », pose également l’appel. Qui précise  : pour les seules violences conjugales, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) estime à 1 milliard d’euros l’investissement nécessaire. Dans une résolution adoptée en novembre 2021, la Cgt livre trois illustrations éclairantes du peu d’exemplarité de la France en la matière, alors qu’elle s’apprêtait à prendre la présidence du Conseil de l’Union européenne : la ratification a minima de la convention de l’Oit (Organisation internationale du travail) sur les violences au travail ; le refus, à tous les niveaux, d’accorder des moyens suffisants pour réaliser l’égalité ou lutter contre les violences  ; la non-reconnaissance des métiers à prédominance féminine. Il est temps d’agir !

C. L.