Avec sa sa plateforme EndStress.eu et ses campagnes de sensibilisation, Eurocadres a commencé à militer en faveur d’une législation sur la santé et la sécurité au travail en 2019. On progresse aujourd’hui dans la mise en œuvre d’une initiative législative historique. La présidence belge a ainsi accueilli un évènement de haut niveau intitulé « Santé mentale et travail ». Dans le prolongement du travail effectué sous les présidences suédoise et espagnole, cet évènement a été l’occasion de présenter des arguments politiques, statistiques et académiques solides en faveur de normes minimales européennes.
Stress au travail : une préoccupation pour 4 cadres sur 5
Dans toute l’Europe, les travailleurs ont vu leur bien-être mental se dégrader fortement : 45 % d’entre eux se déclarent exposés à des facteurs de risque susceptibles de nuire à leur santé mentale ; un quart des travailleurs européens estiment que leur sécurité ou leur santé est menacée en raison de leur travail ; quatre cadres sur cinq se déclarent préoccupés par le stress lié au travail. L’allongement de la durée du travail, la réduction des salaires, le sous-financement des services publics, la baisse du niveau de vie et l’augmentation de la pauvreté ont contribué à cette dégradation de la santé mentale. Nous devons offrir aux travailleurs une protection par le biais d’une directive qui leur apportera une certitude juridique sur leur santé au travail : c’est pourquoi nous avons salué l’activité de la présidence belge au cours des dernières semaines.
La participation des syndicats a été constante tout au long de l’évènement, la Confédération européenne des syndicats (Ces) réclamant une directive. Sa secrétaire générale, Esther Lynch, a souligné qu’une « culture de la conduite sûre est rendue possible par la loi, et qu’il devrait en être de même pour la santé et la sécurité au travail et les risques psychosociaux ». Et ce, au grand dam des représentants des employeurs de BusinessEurope, Sgi Europe et SmeUnited qui participaient au panel.
Malgré la présence d’un seul représentant des salariés dans ce panel, l’élan et les attitudes étaient clairement en faveur d’une législation européenne, BusinessEurope concédant même qu’il n’était « pas 100 % contre » une action allant au-delà des évaluations des risques sur le lieu de travail. Lors de la session intitulée « Façonner ensemble les lieux de travail dans le domaine de la santé », Adam Rogalewski, représentant de la Fédération européenne de la Fonction publique (Epsu), a présenté les meilleures pratiques en matière de Rps au travail dans les hôpitaux et dans le secteur des soins de santé.
Dans ses remarques finales, la vice-Première ministre belge Petra De Sutter a souligné la nécessité d’une directive pour assurer des conditions de concurrence équitable dans l’ensemble de l’Ue, en veillant à ce que les États membres qui suivent les conseils d’experts et mettent en œuvre des changements ne soient pas sanctionnés pour cela. Le vice-Premier ministre Frank Vandenbroucke s’étant engagé à faire pression pour obtenir ce soutien politique lors du sommet de La Hulpe à la mi-avril 2024, l’ensemble des ministres belges se sont joints aux syndicats pour plaider en faveur de ce texte législatif crucial.
Après de nombreuses années de campagne, Eurocadres se félicite de l’initiative de personnalités politiques de premier plan pour garantir une protection égale de la santé mentale des travailleurs, quel que soit l’endroit où ils travaillent en Europe. Bien que nous soyons maintenant engagés dans une course contre la montre dans la perspective des élections européennes, nous continuerons à plaider pour que le nouveau collège de la Commission fasse de cette question une des priorités de l’agenda politique.
Chercheurs en Ue : quelles conditions de travail ?
Ce mois-ci également, des chercheurs européens et des représentants syndicaux se sont rendus à Bucarest pour participer au premier atelier de notre projet sur les conditions de travail dans la recherche, dont le thème principal était « la mobilité et les opportunités de carrière ». Avec la contribution de nos collègues consultants de WMP, nos participants, principalement des chercheurs eux-mêmes, ont pris part à des sessions interactives, entrecoupées d’exemples de meilleures pratiques d’un point de vue européen et national.
Le projet, une demande de longue date des membres d’Eurocadres, est centré sur la nécessité de fournir des connaissances sur les politiques européennes relatives aux chercheurs, y compris l’Espace européen de la recherche, la Charte européenne du chercheur et le Code de conduite pour le recrutement des chercheurs.
Au cours du projet, nous chercherons à mettre en évidence certaines des priorités pour les chercheurs à travers l’Europe, dont beaucoup ne bénéficient pas de conditions de travail adéquates en dépit de leur rôle crucial dans nos sociétés. Eurocadres veillera à un certain nombre de points :
- la garantie de mobilité et de la reconnaissance des qualifications ;
- l’assurance d’opportunités de carrière pour les jeunes ;
- le respect de la diversité et de l’égalité entre les femmes et les hommes ;
- la protection des droits de propriété intellectuelle ;
- la nécessité de financements et d’investissements nécessaires à la prospérité du secteur.
Des interventions de chercheurs roumains, conjuguées à des activités de groupes de travail et une présentation de la législation européenne nous ont permis de passer de la collecte de données à l’établissement de faits. En outre, l’atelier a reçu la visite de représentants du ministère de l’Éducation et de la Recherche scientifique. Lors de son congrès de 2021, Eurocadres avait déjà adopté une motion de solidarité avec les chercheurs roumains. Et exprimé sa déception face à la faiblesse des investissements de ce ministère en matière de recherche et développement (0,18 % du Pib pour le secteur public). Notre prochain atelier se concentrera sur la manière dont nous pouvons apporter les changements nécessaires aux chercheurs dans toute l’Europe.