Musique de chambre – Une pique pour un roi de cœur

La meilleure définition de la musique de Beethoven est peut-être celle de Romain Rolland, dans le livre qu’il lui a consacré en 1903 : « Il se dégage de lui un bonheur de la lutte. »

Édition 054 de mi-juillet 2024 [Sommaire]

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Et une humanité que seuls peu de compositeurs ont su traduire en notes. La musique de Beethoven déroute par sa capacité à passer de la joie à la colère, de l’euphorie au désespoir. Composées sur vingt ans, les sonates pour violoncelle et piano portent la marque d’un musicien dont l’ambition était de transcender la nature humaine, mais aussi, au fil des ans,  de plus en plus atteint par des problèmes auditifs qui l’éloignent inexorablement de ses semblables. Au moment de l’écriture des premières sonates (op.5), la «  petite basse  » s’est émancipée de son image d’instrument réservé au continuo et à l’orchestre. La pique apparue au milieu du 18e assure une meilleure tenue de l’instrument et une meilleure résonance, font son succès auprès des musiciens. Si le piano est son instrument de prédilection, Beethoven va traiter dans ses sonates le violoncelle à égalité et lui conférer la même force vitale en exploitant l’étendue de sa palette expressive. La version qu’en donnent Michel Strauss et Jean-Claude Vanden Eynden touche par la profondeur de pensée des adagios aux vastes proportions, une complicité qui n’a rien de forcé ou d’ostentatoire et un alliage qui conjugue avec bonheur poésie et virtuosité.

Sonatas & Variations for cello & piano. Michel Strauss (vlc.) et Jean-Claude Vanden Eynden (p.). 3 CD Etcetera. 30€