Par Sophie Binet Secrétaire générale de l’Ugict-Cgt
Malgré l’opposition de l’ensemble des syndicats, l’exécutif confirme sa réforme des retraites : report de l’âge d’ouverture des droits de 62 à 65 ans pour les salarié·e·s du privé et les fonctionnaires, report de 3 ans des départs anticipés (pénibilité, régimes spéciaux, carrières longues), augmentation du nombre d’annuités nécessaire pour avoir une retraite à taux plein, alors qu’il s’élève déjà à 43 pour les générations nées après 1973 ! Une réforme d’une rare violence, qui s’appliquerait dès la génération 1961.
Mais il faut garder le conditionnel car la partie est loin d’être gagnée pour le gouvernement. D’abord parce qu’une très large majorité de Françaises et de Français y sont opposé·e·s. Ensuite parce que la réforme apparait d’autant plus injuste dans un contexte où salarié·e·s et retraité·e·s voient leur pouvoir d’achat s’écrouler face à l’inflation. Un deux poids, deux mesures inacceptable, alors que l’exécutif en refusant de taxer les dividendes et d’indexer les salaires sur l’inflation a permis aux grandes entreprises d’engranger des profits records.
Enfin le contexte : l’hiver et les factures arrivant, la flambée des coûts de l’énergie devient explosive pour ménages, collectivités, organismes Hlm, et nombre d’entreprises. Sans parler du risque sanitaire et du combo Covid/grippe/bronchiolite, avec un système de soin en crise profonde, de la médecine de ville à l’hôpital. Cette réforme irresponsable s’apparente donc à une étincelle sur un baril de poudre. Et on connait le potentiel mobilisateur et unificateur des retraites. Pour s’en convaincre, il suffit d’analyser les baromètres réalisés par l’Ugict-CGT (1). 46 % des professions intermédiaires et 42 % des cadres se disent prêts à faire grève pour défendre leurs retraites, une détermination encore plus importante qu’en matière de salaires !
À part les patrons, rares sont ceux qui soutiendront la réforme. Ce d’autant que les arguments manquent. La dette, brandie par le gouvernement s’élèverait à un 0,5 % du PIB. La belle affaire ! Pour la résorber, il suffirait de supprimer les exonérations de cotisations retraite accordées chaque année aux entreprises sans contrepartie. Ou de mettre à contribution les dividendes. Ou d’indexer les salaires sur l’inflation et de mettre fin aux inégalités salariales femmes/hommes. Ou encore d’augmenter légèrement les cotisations.
Quant au chantage sur la baisse des pensions, l’histoire nous montre qu’elle accompagne tout report de l’âge de départ, avec des salariés toujours plus nombreux à devoir partir avec des carrières incomplètes. Et c’est justement pour enrayer l’effondrement des pensions programmé par les précédentes réformes que la CGT propose d’augmenter les ressources des régimes de retraite.
L’unité syndicale est un plus pour gagner et la CGT s’emploie à construire une première journée de mobilisation unitaire en janvier. Mais la bataille ne se gagnera pas d’en haut. Cette date doit être inscrite à l’agenda de toutes les professions avec des suites immédiates, à l’image des grèves reconductibles enclenchées après le 5 décembre 2019. Gare à la grève par procuration ! La bataille ne se gagnera que si les salarié·e·s rentrent très largement dans la danse, en adoptant les modalités qui leur conviennent le mieux.
Nous pourrons nous appuyer sur les nombreux députés progressistes de l’assemblée à condition de faire les choses dans l’ordre et de construire d’abord la mobilisation sociale, à partir des lieux de travail, avant de lui donner un débouché politique. Nous avons un mois pour mettre en débat cette stratégie et convaincre les salarié·e·s de s’y engager massivement. Les braises de la mobilisation gagnante de 2019 sont encore chaudes, le doublé est à notre portée !
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