Soudan : extraordinaire mobilisation populaire

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En décembre 2018, la diaspora soudanaise manifeste à Marseille en soutien à la révolution. Photo : La Provence/Photopqr/Maxppp

Avec un scénario qui rappelle celui de l’Égypte voisine, le Soudan est brusquement sorti d’une longue nuit de terreur et de corruption.

L’une de dictatures les plus sombres du monde est tombée en quelques mois, dans un contexte où les prébendes ne suffisaient plus à maintenir les allégeances et à fidéliser les instruments d’une répression de type miliaire dans plusieurs des grandes régions du pays. La mobilisation a pris la forme d’immenses rassemblements dans les villes, mais également dans les zones agricoles, dont l’approvisionnement en eau se voit menacé par les industries extractives, notamment aurifère.

L’un des animateurs du mouvement populaire, Mudawi Ibrahim Adam, lanceur d’alerte sur la situation tragique du Darfour, résume ainsi ce mouvement : « On nous avait volé notre histoire, on est en train de la récupérer. » La maîtrise de l’histoire est effectivement un enjeu : preuve en est que l’armée soudanaise s’est empressée de destituer le président Omar el Béchir pour prendre en mains les leviers du pouvoir à Khartoum, au grand dam de l’opinion publique internationale et des manifestants du Soudan.

L’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation qui secoue le pays depuis décembre, a immédiatement exhorté le Conseil militaire, mené par le général Al Burhane, à transférer le pouvoir à un gouvernement civil en exigeant qu’un futur gouvernement de transition entame des poursuites judiciaires à l’encontre des dirigeants défaits, et singulièrement ceux du service de renseignement, véritable bras armé de la dictature.

Gilbert Martin