Pablo Picasso et sa fille aînée Maya un temps réunis
Dans le musée de Paris qui lui est dédié, une exposition met en lumière les preuves d’amour partagé, pendant vingt ans, entre le peintre de génie et son enfant, née en 1935, qu’il prit plaisir à si souvent représenter.
Dans le musée de Paris qui lui est dédié, une exposition met en lumière les preuves d’amour partagé, pendant vingt ans, entre le peintre de génie et son enfant, née en 1935, qu’il prit plaisir à si souvent représenter.
Le musée national Picasso-Paris présente actuellement une exposition inédite, « Maria Ruiz-Picasso, fille de Pablo », qui constitue une incursion émouvante dans l’intimité de l’artiste, à un moment donné de sa longue existence de création. Conçue et réalisée par Émilia Philippot, conservatrice du musée et Diana Widmaier-Picasso, petite-fille du peintre, l’exposition rassemble dessins, peintures, poèmes, sculptures et photographies de Picasso et de sa fille.
« C’est la première fois, précise Diana Widmaier-Picasso, que ces portraits, dispersés dans le monde entier, sont rassemblés. » Il s’agit notamment de Maya à la poupée (1938), Maya à la poupée et au cheval (1938), Maya en costume de marin (1938), Maya aubateau (1938) et, de la même année, Maya au tablier…
Picasso, lui aussi, était passé pour mort-né en venant au monde
Lorsqu’il rencontre Marie-Thérèse Walter à la sortie des Galeries Lafayette, Picasso a 45 ans. Elle en a 27 de moins. Il est alors marié à Olga Khokhlova, qui lui a donné un fils, Paul (1921-1975). Maya naît donc dans le plus grand secret, le 5 septembre 1935. Picasso se découvre pour l’enfant une passion qui va éclater au grand jour. Lors de l’accouchement, pratiqué sous anesthésie générale, la petite Maya n’avait, dans un premier temps, donné aucun signe de vie. Pablo Picasso, lui aussi, était passé pour mort-né en venant au monde.
« J’étais la concrétisation de la faute, a pu dire Maya. Dans les premières années de ma vie, peu de gens connaissaient mon existence. Ce secret bien gardé en dit long sur la vie de mon père. » Il faut savoir que Maya est un surnom. Son père l’avait en effet prénommée María de la Concepción en souvenir de sa sœur décédée lorsqu’il avait 14 ans. La fillette ayant du mal à prononcer, Maria devint Maya. « J’ai mis près de soixante ans, dira-t-elle, avant d’avoir le droit de m’appeler Maya aux yeux de la législation française. Ainsi je suis née deux fois… »
Une véritable passion a lié le peintre à son enfant. Selon Diana Widmaier-Picasso, Maya est longtemps restée « la complice et la confidente privilégiée de son père, seule autorisée à entrer dans son atelier, à toute heure du jour et de la nuit ». C’est ainsi qu’elle a pu dire : « Il peignait souvent de 7 heures du soir à 7 heures du matin et j’étais la seule à pouvoir assister à ces séances. J’avais tous les droits, contrairement à ma mère. »
« La série la plus importante dédiée à un seul enfant »
Entre le 16 janvier 1938 et le 7 novembre 1939, Picasso a peint quatorze portraits de Maya, alors âgée de 3-4 ans. Selon l’historien d’art Werner Spies, il s’agit de « la série la plus importante dédiée à un seul enfant ». L’exposition complète les portraits de « la petite sardine » (Picasso la nommait ainsi) tous de couleurs vives, magnifiquement déstructurés, avec des lettres, des objets intimes, des vêtements, chaussons et reliques diverses. On voit aussi des dessins réalisés par le père pour et avec Maya, âgé de 4 ans, à Royan, en 1939, pendant la guerre (« Je n’étais pas triste alors de ne pas avoir de fruits, car mon père m’en dessinait »). Sur ses carnets de coloriage, il ajoutait de petits personnages, des silhouettes d’animaux, des marionnettes…
À l’âge de 20 ans, Maya fut la précieuse assistante de son père sur le tournage du film fameux d’Henri-Georges Clouzot, Le Mystère Picasso (1965), prix du jury au Festival de Cannes l’année suivante.Le cinéaste déclara : « Tel père, telle fille. L’amour de l’art, sans doute, est héréditaire. » Après le mariage de Maya, père et fille ne se reverront plus.
Cette parenthèse paternelle enchantée dans la vie du peintre n’empêcha pas son idylle avec Dora Maar. En 1938, à l’époque où il portraiturait sa fille, il peignait aussi Dora (Femme assise au chapeau). Et on n’ignore pas qu’un jour la mère de Maya et Dora Maar en vinrent aux mains. Plus tard, il y eut Claude et Paloma, enfants qu’il eut de Françoise Gilot, pour lesquels Maya fut une grande sœur.
Jean-Pierre Léonardini
« Maria Ruiz-Picasso, fille de Pablo », jusqu’au 31 décembre 2022 au Musée national Picasso-Paris, 5, rue de Thorigny, Paris 3e. Très beau catalogue, éditions Skira, 45 euros.
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