Infographie -  Dans le monde entier, des syndicats engagés contre le harcèlement et la violence

Une enquête de 2024 portant sur 80 pays montre que les organisations de salarié·es pèsent pour à la ratification ou pour la mise en œuvre de la Convention 190 de l’Oit.

Édition 067 de [Sommaire]

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Cinq ans après son adoption, 48 pays ont ratifiée la convention 190 de l’Organisation internationale du travail (Oit), ou sont en passe de le faire d’ici la fin de l’année. La Confédération syndicale internationale (Csi), à laquelle sont affiliées 341 organisations syndicales à travers le monde, a lancé un sondage, et a reçu 114 réponses de confédérations syndicales dans 80 pays (17 d’Afrique, 19 des Amériques, 24 de la région Asie-Pacifique et 20 d’Europe). Le retour est très net : 96  % des syndicats répondants sont activement impliqués pour réclamer la ratification de la C190 ou pour en accélérer la mise en œuvre.

Quelque 84  % affirment avoir mis en place des programmes de sensibilisation et de formation de leurs membres pour la prévention et la lutte contre les violences. De l’information a également été faite sur la C190 et son application. Enfin, près de 75 % des répondants font du lobbying auprès des gouvernements soit en faveur de la ratification, soit pour en accélérer l’application concrète.

Des avancées législatives sont observées dans les pays ayant ratifié, ou qui sont en voie de le faire : 39  % des syndicats répondants constatent un alignement du droit du travail sur la C190, et 26  % une évolution en faveur de l’égalité et contre la discrimination. L’intégration de la prévention de la violence dans les évaluations des risques en santé et sécurité au travail (Sst) progresse (25  %) et la reconnaissance de la violence domestique comme problématique du travail est également significative (24  %).

Le dialogue social est un outil clé pour aligner lois et politiques nationales avec les termes de la C190, et les syndicats répondants sont 72  % à affirmer avoir formellement entamé ce dialogue avec les autorités. La négociation de politiques et de conventions collectives conformes à la C190 est utilisée par 46  % des syndicats répondants, et plus d’un tiers (37  %) sont en discussion directe avec des employeurs.

Une attention croissante est accordée à la violence de tiers dans les secteurs où les travailleurs sont en contact avec des publics, des usagers, des élèves… Une enquête menée par Unison, le syndicat britannique de la fonction publique, révèle que 87,7  % des 22 000 répondants – des travailleurs du secteur public – avaient subi au moins une forme de violence ou de harcèlement au travail dans les deux dernières années. Les « tiers » en étaient les principaux auteurs…

L’étude de la Csi souligne également que les fédérations syndicales internationales (Fsi) jouent un rôle crucial en négociant des accords-cadres internationaux (Aci) avec des multinationales intégrant les principes de la C190. Elles mènent des campagnes de sensibilisation et développent des outils pour lutter contre la violence, y compris envers les groupes vulnérables, comme les travailleurs Lgbti+. Sont notamment cités l’Aci signé entre H&M et IndustriAll avec « un libellé plus fort sur la prévention de la violence fondée sur le genre et une référence explicite à la convention 190 », ou celui signé entre l’Union syndicale internationale de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie (Uita) et le groupe Riu pour mettre fin au harcèlement sexuel avec formation et prévention, et les deux structures continuent d’évaluer les actions mises en place.

Cependant, 27 % des gouvernements n’envisagent pas de réformes législatives, et peu de pays ont pleinement aligné leurs lois. La pression constante des syndicats reste la seule manière de garantir que les principes de la C190 se traduisent par des environnements de travail exempts de violence et de harcèlement.