Chronique européenne -  Vu d’Europe – À l’agenda de la présidence polonaise

En ce début d’année 2025, il y a beaucoup à discuter, avec une nouvelle présidence du Conseil de l’Union européenne et une action sur les stages qui domine la bulle bruxelloise. Vers la fin décembre 2024, des indices ont commencé à filtrer vers les syndicalistes, sur l’orientation politique de la nouvelle Commission, son programme de travail – et ses cabinets – n’ayant pas encore été publié.

Comme toujours après une élection et un recalibrage, il a fallu un certain temps pour déchiffrer, mais il semble que trois préoccupations syndicales seront considérées comme prioritaires par la commission de l’emploi du Parlement européen  : le management algorithmique, les risques psychosociaux et l’accès à la formation professionnelle. Cela va sans doute accroître la pression pour pousser la Commission dans la bonne direction.

Des sujets cruciaux pour le monde du travail

Ce mois-ci, les députés européens ont également repris le travail sur la directive sur les stages, dont le projet avait été présenté avant les élections. Nous pouvons nous attendre à une prise de position du Conseil après la réunion Epsco (emploi, politique sociale, santé et consommateurs) de mars 2025. Nous en reparlerons alors.

Nous avons un nouveau président du Conseil de l’Ue  ; Varsovie a donc le pouvoir de définir l’ordre du jour pour les six prochains mois.

Les priorités polonaises semblent dans la continuité des politiques antérieures, avec la promesse de discuter certains sujets cruciaux pour le monde du travail, comme le cadre stratégique de l’UE sur la santé et la sécurité au travail 2021-2027, la révision de la directive sur les comités d’entreprise européens, la directive sur les stages et un nouveau pacte pour le dialogue social européen. Tous ces développements nécessiteront un travail continu de la part des syndicats, et Eurocadres réaffirmera nos positions adoptées l’année dernière.

Un plan d’action sur les pénuries de main-d’œuvre  ?

Sur l’avenir du travail dans l’Europe numérique, la présidence polonaise tiendra des discussions sur «  les solutions possibles pour la protection des personnes et de leur travail à l’ère de l’innovation et de l’automatisation croissantes  », notamment sur «  les initiatives législatives relatives à l’utilisation de l’IA sur le lieu de travail et celles relatives au télétravail et au droit à la déconnexion  ». 

Ces deux initiatives ont été les pierres angulaires de notre plaidoyer pendant des années, et ce serait une grande victoire pour les travailleurs qu’elles se concrétisent. Associées aux nouvelles initiatives que la Commission pourrait annoncer, notamment un plan d’action sur les pénuries de main-d’œuvre et de qualifications mentionné dans les lettres de portefeuille, les perspectives d’évolution positive sont nombreuses pour les ingénieurs, cadres et techniciens.

Sur la santé mentale à l’ère numérique

Des mesures sont également promises en matière de santé mentale, avec une attention particulière sur les technologies numériques, l’utilisation intensive d’Internet et les réseaux sociaux.

Sur le plan de l’égalité et des luttes contre les discriminations, Varsovie devrait se concentrer sur «  l’égalité des sexes dans une société numérique moderne  » – en utilisant la législation sur les services numériques –, les actions en faveur de l’égalité de traitement, la protection des minorités, la lutte contre la violence, dont celle fondée sur le genre. Ces actions conduiront à l’adoption de la «  Déclaration du Trio sur l’égalité des sexes  », dont la signature est prévue en avril 2025.

Enfin, ce mois-ci, nous avons eu le plaisir de soutenir nos collègues belges dans les rues de Bruxelles, avec une action prévue le 13 de chaque mois. Les travailleurs de tout le pays s’opposent aux réformes gouvernementales néfastes proposées par la coalition Arizona, notamment les coupes dans les retraites et les services publics. Le mois prochain, nous marcherons à nouveau avec eux pour défier ces actions, et nous continuerons à le faire jusqu’à ce que les partis en question entendent la situation critique des travailleurs  !