Une très belle moisson de chefs-d’œuvre de la Renaissance

Le musée Jacquemart-André héberge, jusqu’au 5 janvier 2025, une partie de la prodigieuse collection amassée à Rome, dans sa somptueuse galerie, par le cardinal Scipione Caffarelli-Borghese.

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Titien, Vénus bandant les yeux de l’Amour (vers 1565), huile sur toile, 116 × 184 cm, Galleria Borghese, Rome. © Galleria Borghese/Mauro Coen.

L’exposition proposée depuis la rentrée par le musée Jacquemart-André (propriété de l’Institut de France), dûment rénové après un an de travaux, est proprement exceptionnelle. Elle offre pas moins d’une quarantaine de tableaux d’artistes fameux des XVIe et XVIIe siècles, tels Raphaël, Botticelli, Antonello da Messina, Parmesan, Lorenzo Lotto, Titien, Véronèse, Caravage, etc., ainsi que des toiles de peintres du nord ayant séjourné en Italie, comme Rubens.

À ces trésors nés de la main d’artistes devenus infiniment célèbres, s’ajoutent des œuvres de leurs contemporains, sans doute moins connus du grand public, mais tout aussi dignes d’intérêt, tels Guido Reni, Annibal Carrache, le Cavalier d’Arpin ou Jacopo Bassano. Et ce n’est là qu’une partie de la prodigieuse collection constituée par le cardinal Scipione Caffarelli-Borghese (1577-1633).

Une immense fortune en partie consacrée au culte de l’art 

Scipion était né coiffé, car il était le neveu de Camillo Borghese, qui fut élu pape, en 1605, sous le nom de Paul V. Prélat esthète, fort de sa haute position familiale, Scipione transforma la magnifique villa Pinciana, sur la colline du Pincio, en un véritable musée avant la lettre. Une partie considérable de son immense fortune fut consacrée au culte de l’art.

D’après Léonard de Vinci, Léda (vers 1510-1520), tempera sur panneau, 115 × 86 cm, Galerie Borghese, Rome. © Galleria Borghese/Mauro Coen.

C’était un homme au caractère sérieusement contrasté, pour ainsi dire. On le disait alternativement réservé, expansif et surtout rusé. On sait que, pour assouvir sa passion de collectionneur, il n’avait aucun scrupule. On rapporte qu’il fit saisir à son bénéfice, en 1607, sur ordre de son oncle le pape, plus de 100 œuvres de la collection du Cavalier d’Arpin (1568-1640), artiste alors fameux à Rome, sous le prétexte qu’il détenait illégalement des armes à feu. 

Doté d’un flair infaillible pour détecter les jeunes talents

Paul V offrit ensuite à Scipione cette collection exceptionnelle qui comprenait notamment Garçon à la corbeille de fruits, du Caravage, tableau qui figure dans l’exposition. Scipione fut d’ailleurs l’un des commanditaires du Caravage et s’intéressa à ceux qu’il inspira, tels que Honthorst, Guerrieri et Spada, dont des toiles sont visibles dans la première salle du musée. Doté d’un flair infaillible pour détecter les jeunes talents, le cardinal Scipione Caffarelli-Borghese fut, sans conteste, un mécène hors pair.

Bernin, Autoportrait à l’âge mûr (vers 1635-1640), huile sur toile 53 × 43 cm, Galleria Borghese, Rome. © Galleria Borghese/Mauro Coen.

Collectionneur avide et entêté, de surcroît richissime, Scipione a donc pu mettre la main sur des œuvres capitales des principales écoles de peinture de l’Italie de la Renaissance, notamment La Prédication de saint Jean-Baptiste, de Véronèse (1528-1588) ou l’admirable Dame à la licorne, de Raphaël (1483-1520). 

Le cardinal Scipione, au goût très sûr dans ses choix, hors de tout préjugé, s’octroyait une entière liberté dans la sélection d’œuvres qui, selon son cœur, avaient trait aussi bien au christianisme qu’à la mythologie gréco-romaine. Son critère essentiel était la beauté.