À Lyon, le Réverbère doit éteindre la lumière fin décembre

Les animateurs de cette galerie indépendante vouée à l’art photographique, fondée il y a quarante-trois ans, se voient forcés de mettre la clé sous la porte.

Édition 061 de début décembre 2024 [Sommaire]

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Arièle Bonzon, Équinoxe d’automne (1995-1996). Pièce unique, épreuve photographique sur papier baryté, technique mixte. Courtesy galerie Le Réverbère.

Arièle Bonzon, née en 1955, est photographe. Son travail est largement reconnu depuis les années 1980. Elle a attiré notre attention sur la situation de la galerie Le Réverbère. Sise à Lyon, 35-38 rue Burdeau, elle doit, par la force des choses, fermer ses portes à la fin de l’année 2024.

En 1981, Catherine Dérioz et Jacques Damez décidaient de créer à Lyon une galerie indépendante, uniquement vouée à la photographie contemporaine dans tous ses aspects. Ce pari fou, disent-ils, a été gagné. Le Réverbère a tenu bon durant plus de quarante ans. 

Mais Catherine Dérioz et Jacques Damez constatent aujourd’hui que «  depuis une dizaine d’années, le marché de la photographie a beaucoup changé. Il s’est codifié, financiarisé et a été dans les mains des tenants d’un certain goût international, qui ne permet plus la même liberté d’action et de choix  ».

«  Les discours de l’art contemporain se sont appauvris  » 

Ils rappellent combien ils ont apprécié les quinze premières années de Paris Photo, la foire internationale du Grand Palais, quand «  galeristes, photographes et journalistes institutionnels faisaient communauté avec l’équipe des organisateurs  ». Il y avait alors «  des échanges confiants et libres, tous tendus vers un seul but  : partager la passion pour la photographie avec les collectionneurs pionniers et les amateurs curieux et cultivés  ». C’était le temps de débats «  parfois musclés  », mais «  petit à petit chacun a dû choisir sa place. La langue de bois s’est installée, les discours de l’art contemporain se sont appauvris et le tout-culturel a gagné du terrain  ».

«  Malgré notre réputation, reconnaissent Catherine Dérioz et Jacques Damez, nos prestations intellectuelles se sont amenuisées pour quasi disparaître après le Covid. Cela nous oblige aujourd’hui à fermer la galerie et à arrêter sa programmation à la fin de l’année 2024.  »

Ils finissent en beauté, avec l’exposition «  Histoire(s) sans fin  », qui rassemble des œuvres de 21 grands photographes qu’ils ont mis en lumière au fil des ans. Il y a vingt ans, l’adjoint à la culture de la Ville de Lyon leur déclarait : «  Vous travaillez comme un vrai service public sans qu’on vous le demande et sans coûter un sou à la collectivité.  » Ce jour-là, tout n’était-il pas déjà dit  ?