Platines – Gabriel Fauré, le Bon Dieu sans contrition

Pas bigot, Fauré, mais touché par la grâce, avec ce Requiem « composé pour le plaisir » pour exprimer « une délivrance heureuse ». Le Chœur de Namur, tout en pudeur et en raffinement, le sert admirablement.

Édition 061 de [Sommaire]

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Les connaisseurs pourront s’étonner  : que vient faire le Requiem de Fauré au catalogue de Ricercar  ? Créé en 1980, le label discographique belge a joué un rôle important dans la découverte de la musique ancienne, contribuant à la réputation d’artistes comme le regretté Henri Ledroit ou le chef Philippe Herreweghe. 

Pourquoi Fauré  ? Pour cet «  esprit de recherche et de curiosité, typique du domaine des musiques anciennes  », disent les responsables du label, qui ont donc accompagné Thibaut Lenaerts dans son projet de rendre au disque la première version du Requiem, de 1888. Une messe aux défunts qui ne doit pas grand-chose, sinon rien, à une quelconque ferveur religieuse de l’Ariégeois de naissance, pour la bonne raison qu’il n’était pas spécialement croyant. 

Ce requiem, il l’a, d’ailleurs, «  composé pour le plaisir  », voulant exprimer «  une délivrance heureuse  ». D’où le sentiment de sérénité qui s’en dégage. Fauré retravaillera plusieurs fois sa partition, y ajoutant des cuivres et des bassons, un Offertoire et un Libera me. L’instrumentarium, ici, se limite à des cordes, un orgue et une harpe, ce qui rend peut-être le climat moins intense, de même que l’absence du Libera me peut sembler cruelle. 

Mais la magie est là, opérant par les voix du Chœur de Namur, tout en pudeur et en raffinement. Pour compléter ce Requiem d’origine, viennent d’autres pièces sacrées, dont le très beau Cantique de Jean Racine, écrit par Fauré en 1865, alors qu’il n’était âgé que de 20 ans.

Ulysse Long-Hun-Nam 

  • Chœur de Namur, Millenium Orchestra, Thibaut Lenaerts (dir.), Gabriel Fauré. Requiem, 1 Cd Ricercar, 19 euros.