Platines – Mozart, Le Requiem ou le temps d’un au revoir

Il y a longtemps qu’on n’avait à ce point été touché par une interprétation de l’ultime œuvre du génie de Salzbourg. On la doit à l’inventivité de Raphaël Pichon, qui a imbriqué des morceaux bien assortis entre les différentes parties du Requiem.

Édition 061 de [Sommaire]

Temps de lecture : 2 minutes

Options - Le journal de l’Ugict-CGT

On connaît le goût de Raphaël Pichon pour les patchworks et les mises en lumière, au propre comme au figuré. Cultivant son goût pour le théâtre, le chef baroque a pris l’habitude d’inscrire les œuvres qu’il interprète dans un parcours dans le temps, les confrontant au miroir de leur époque et de leur filiation musicale pour leur créer un nouvel espace. 

Pour ce Requiem, Pichon et son ensemble Pygmalion ont repris un programme conçu en 2019 avec le metteur en scène Romeo Castellucci. Il y a longtemps – depuis René Jacobs, en 2017 – qu’on n’avait à ce point été touché par une interprétation de l’ultime chef-d’œuvre de Mozart. Raphaël Pichon a inséré, entre les différentes parties, des chants grégoriens et d’autres œuvres de Wolfgang comme la Gran Partita, ou la Messe en ut mineur. Le tout s’imbrique de façon totalement harmonieuse – à écouter absolument  : les Kirchelieder entre le Benedictus et l’Agnus Dei

La musique de Mozart ne proclame rien, n’impose rien, n’exige pas de prendre position  ; elle chante et libère. Ce qui ressort de cette messe des morts  ? Rien de grave ni d’austère, mais une formidable pulsion de vie (on a rarement entendu chœur aussi flamboyant dans l’Offertoire, le Dies Irae ou le Rex Tremendae), qui témoigne non pas d’une foi quelconque en Dieu, mais en l’humanité – il y a longtemps, alors, que Mozart s’est détourné de l’Église et de ses représentants pour embrasser l’idéal initiatique et fraternel de la franc-maçonnerie.

  • Ensemble Pygmalion, Raphaël Pichon, W.-A. Mozart. Requiem, 1 Cd Harmonia Mundi, 19 euros.